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Clinic – Interview

Clinic tombe le masque en interview. En tout cas par rapport aux photos officielles sur lesquelles les membres du groupe sont systématiquement accoutrés d’une panoplie de chirurgien. Pas de costume cette fois… si bien qu’il est difficile dans un premier temps d’identifier à qui l’on est confronté lors de cet entretien. C’est le batteur seul, finalement, qui, avec une réelle bonne volonté dont nous lui somme encore reconnaissants, se soumettra sympathiquement à nos questions, à la terrasse d’un café. Plutôt hospitalier, Clinic…

Comment définiriez-vous votre musique, si toutefois il existe des gens qui ne la connaissent pas ?
Oh oui, beaucoup de gens… Je dirais que c’est un mélange éclectique de garage, psychédélisme des années 60, un peu de new-wave et d’electronica des années 80, avec des influences orientales, arabes, qui sont essentiellement dues aux instruments. Chaque chanson tend à être différente des autres. On essaie de varier les styles. Chaque album est une évolution à partir du dernier. On peut faire des chansons punk dans le style de Crime et des groupes de San Francisco, mais aussi des chansons beaucoup plus langoureuses et des instrumentales. Ce qui nous intéresse c’est le style conflictuel des albums. Il n’y a pas de ligne directrice. Chaque chanson a son identité.

Malgré tout, il y a beaucoup d’échos d’une chanson à une autre au sein d’un même album… Je pense notamment à deux titres de « Walking With Thee » (« The Equalizer » et « Walking With Thee »), qui commencent de façon assez comparable. Est-ce que vous aimez ce genre d’auto références ?
Oui. Je suis tout à fait d’accord. « Walking With Thee » tout particulièrement a un riff particulier qui sonne un peu comme la mélodie au piano de l’Exorciste. Il y a en effet quelque chose, qu’on peut appeler standard, et qui draine plusieurs chansons sur ce disque. Mais on ne peut pas appeler ça répétition.

Vous avez une très forte identité musicale, si bien qu’il devient difficile d’identifier vos influences. Quelle est l’essence de tout ça ?
Je suis content que vous disiez ça. On essaie de faire une musique personnelle. C’est bien d’avoir de temps en temps une opinion objective et extérieure sur ce qu’on fait… Il y a pas mal d’éléments techniques qui contribuent à construire une atmosphère particulière pour nos chansons, au-delà de ce qu’on peut jouer nous-mêmes, avec nos instruments respectifs. Quelques manipulations technologiques s’avèrent essentielles pour donner aux chansons leur ton, leur couleur, leur caractère. Il y a dans les chansons de Clinic une douceur, une suavité qui est souvent due à ce cinquième membre virtuel du groupe. Un peu comme les Residents. Nous aimons tout ce qui peut contribuer à donner un son cinématique. C’est le facteur X de notre musique.

Pour moi, il y a beaucoup de second degré dans votre musique, notamment dans la mélodie.
Tout à fait, il y a un humour noir derrière tout ce qu’on fait. Des chansons comme « Evil Bill » ne sont évidemment pas dénuées d’humour. Ade (le chanteur) est un grand fan des Monty Pythons et de ce genre de choses, l’humour noir britannique. La façon dont nous jouons et nos chansons elles-mêmes peuvent faire sourire. Nous ne sommes pas des rockers mal lunés. D’ailleurs, nous ne nous identifions pas du tout à la mouvance rock du moment. Nous ne sommes pas des acteurs sur scène, nous ne cachons pas derrière une façade de machos rebelles pop-rock.

Pourquoi les déguisements alors ?
C’était un choix facile étant donné notre nom de scène… C’est une façon de détruire les individualités dans le groupe. Les gens peuvent moins facilement se focaliser sur l’un ou l’autre d’entre nous, le guitariste, le chanteur, etc. Nous préférons que les gens écoutent notre musique plutôt qu’ils se concentrent sur nos visages, et observent les performances individuelles. Sur scène, nous essayons d’échanger nos instruments, de changer de place pour accroître encore cette ambiguïté. Ade joue du clavier ou de la clarinette. Je joue parfois du piano. Nous essayons de rendre les choses confuses. Nous aimons que les gens se demandent qui est qui. Est-ce que c’est le guitariste, est-ce que c’est le bassiste ? Nous essayons de jouer avec le public. Il se crée de cette façon un rapport affectif entre lui et nous. Nous devons trouver un moyen de communiquer par notre musique, surmonter le fossé entre le public et nous. C’est une façon de communiquer qui nous convient, en laquelle nous avons confiance, plus que les autres. Nous ne voulons pas que les gens s’endorment à la fin du concert. Je pense que ces déguisements vont rester. Si ce ne sont pas des masques, ce sera autre chose. On a pensé à d’autres solutions.

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