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Disques

200 years – 200 years

200 years - 200 yearsOui ce disque est une bénédiction, un océan de grâce. Plus besoin de jouer les uns chez les autres, Elisa Ambrogio (Magik Markers) et Ben Chasny ( Six Organs Of Admittance) ont enfin décidé de combler leurs fans avec un projet commun, maison même, comme pour mieux officialiser leur union. On leur souhaite tout le bonheur du monde pour des siècles des siècles même s’ils préfèrent s’en tenir à des durées plus humaines : « 200 years » donc.

Comment se présente ce premier rejeton ? Plutôt bien : Elisa laisse le bruit des amplis et la fureur des guitares des Magik Markers pour chantonner sur des titres principalement emmenés par des guitares en bois. Bien sûr, elle est loin d’être une technicienne du chant tout comme de la guitare mais cette jeune femme a la grâce et sait d’instinct, et c’est sa force, transformer en or tout ce qu’elle touche. Emotion, intimité, immédiateté, sensibilité, engagement : Elisa touche en plein cœur. L’ours Chasny, de la peau duquel on ne donnait pas cher il y a quelques années (souvenirs émus d’un concert opiacé à l’Européen), s’est bien laissé prendre et soigner.

Je n’étais pas au Key Club Studio, Michigan, l’an passé mais, pour ce projet, je verrais bien Elisa à l’origine de la plupart des mélodies. 200 years ressemble donc aux titres les plus apaisés des Markers, contaminés par le folk crépusculaire de Six Organs Of Admittance, en partie libéré des élans free jazz et du psychédélisme forcené. Les mauvaises langues y verront du Six Organs light mais j’y vois plutôt un accord, un point de rencontre entre les deux formations mères et essentielles. On retrouve des éléments de percussions, des larsens, des nappes d’orgues et d’harmonium mais presque toujours au second plan pour laisser le maximum d’espace aux paroles et à la voix solaire d’Ambrogio.

Une attention spéciale a d’ailleurs été portée aux paroles, belles et/ou inquiétantes, échos d’addictions (vraiment passées ?) : chants de la terre et musiques des sphères. Mention spéciale pour  : « It takes a little time to design the stars » (« Wild White »), « Not the danger but the promise made that get’s you paid » (« Dead Medecine ») ou « A liar should have a good memory  » (« Partin Wayz »).

On a souvent l’impression de partager une soirée guitare-coin du feu-peau de bête en compagnie des deux génies dépouillés de leurs artifices, livrant aux amis ébahis leurs ébats les plus intimes. Et c’est avant tout d’une grande histoire d’amour dont il s’agit. On chuchote alors, on ferme les yeux et on retourne la galette. Encore et encore. 

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