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Aimee Mann – Bachelor N°2 or the last remains of the dodo

AIMEE MANN – Bachelor N°2 or the last remains of the dodo
(Superego / Sony) – acheter ce disque

AIMEE MANN - Bachelor N°2 or the last remains of the dodoSi elle avait été moins opiniâtre, Aimee Mann aurait pu connaître le triste sort du dodo, ce disgracieux volatile qui orne la pochette de son disque et fût consciencieusement exterminé de ses iles d’adoption (Réunion et Maurice) par les premiers colons européens. "Bachelor…" date en effet de 1999 et fut à l’époque retoqué par le philantrope David Geffen pour "absence de potentiel commercial". La suite est une méga-gifle à la figure des majors : Aimee Mann racheta les bandes, sortit le disque sur son propre label (Superego records, on rigole) et connut un succès retentissant et inattendu avec la B.O. du film "Magnolia" (dont trois titres figurent sur celui-ci).
Du coup, "Bachelor…" bénéficie enfin d’une distribution normale en Europe (grâce à Sony, autre philantrope). Et là, il faut se pincer pour croir ce qu’on entend. Car cet album est une merveille. Là où le précédent ("I’m with stupid", qui avait aussi fait son petit effet) partait un peu en vrille au fil des écoutes pour causes de chansons parfois inégales, celui-ci s’affirme comme une mine de gemmes pop qui rappelle inévitablement le meilleur Costello (lequel cosigne d’ailleurs "The fall of the world’s one optimist", adorable kinkserie fondante comme un coucher de soleil sur Waterloo) ou un Ron Sexsmith qui aurait surmonté ses problèmes de puberté. L’évolution se ressent également dans la production, l’option "tout guitares" un soupçon indigeste laissant la place à de subtils arrangements de cordes ou à de fascinantes parties de claviers (mention spéciale à Patrick Warren, magicien du chamberlin). Et même si Aimee Mann ne sera jamais une grande chanteuse, son interprétation met parfaitement en valeur la grande finesse de son écriture : tantôt elle effleure et caresse ("Just like anyone" ou "You do, superbes ballades létales), tantôt elle creuse et draine ("Deathly" et son thème répétitif jusqu’à l’obsessionnel), voire elle chevauche un patient échafaudage sonore qu’on qualifierait de spectorien si le terme n’avait pas été autant galvaudé ("Calling it quits, une claque dont il est difficile de se remettre). Situé quelque part entre l’exubérance californienne pour l’habillage et la rigueur bostonienne pour l’armature, "Bachelor…" produit sur moi le même effet que la pluie de grenouilles à la fin de "Magnolia" : si la surprise est d’abord totale, la jubilation n’en est ensuite que plus
profonde. Aux dernières nouvelles, David Geffen aurait avalé sa téquila sunrise de travers. Très très violemment recommandé.

Jc

A lire également, sur Aimee Mann :
chronique de "Forgotten Arm" (2005)
chronique de "Live at St Ann’s Warehouse" (2005)

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