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Disques

Aquaserge – À l’Amitié

Aquaserge - À l'Amitié

« Ça m’a fait plaisir de te revoir, quelques minutes, et même si je n’ai rien entendu, de ce que tu baragouinais, je peux mimer les gestes que tu faisais ». Dix ans… cela fait maintenant près de dix ans que le groupe Aquaserge existe. Dix ans et trois albums : « AquaSerge Un » et « Aquaserge Deux », puis « Ce très cher Serge » en 2010. Dix années, pendant lesquelles je devais être sur une autre planète, ou alors les pieds tellement ancrés dans la terre que les mélopées psychédéliques de ce quintette sont passées bien au dessus de mes oreilles. J’aurais pourtant pu (dû) ne pas passer à côté : il y a eu cet article enthousiaste de Rémi à propos de « Ce très cher Serge » ici même, il y a les liens étroits avec Bertrand Burgalat ou Hyperclean, l’album avec April March, et les trois albums du groupe. Mais non… En ce qui me concerne, il aura fallu attendre leur Mostla Tape parue il y a quelques mois, avec en ouverture l’envoutante « La femme de Tahiti » et l’époustouflante reprise (en français) de « 10:15 Saturday Night » de The Cure. Depuis, je chasse l’Aquaserge sur internet à la recherche du moindre titre, de la moindre vidéo. Début mars, j’achète l’EP « Tout Arrive »… Hé oui : tout arrive… J’aurai mis le temps, mais me voilà mordu au point de me mettre à chantonner le très stéréolabien « TVCQJVD » toute la journée (hé merde : je n’ai pas réussi à écrire un texte sur Aquaserge sans citer Stéréolab !), et je vous promets que ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile à chantonner !

Autant vous dire que j’attendais leur quatrième album, avec pas mal d’impatience. Il commence par « À l’amitié », le titre éponyme (re-merde : j’ai écrit « éponyme » dans une chronique d’album… Il ne me reste plus qu’à caser « opus » et je me fais virer de POPnews). Ce premier titre de plus de sept minutes installe tout de suite l’ambiance : une voix blanche et un clavier décalé, une batterie qui distille un rythme électro-organique à vitesse variable, une guitare qui plaque des accords tordus à contre temps et fini par s’envoler dans un solo de rock progressif régressif et jubilatoire, des accords de piano qui deviennent eux, maintenant, à contre temps. On se croirait dans un film noir qui se passerait dans un vaisseau spatial des années 70 (avec des zombies). Puis vient « Serge Singe », un (presque) instrumental free (anti) jazz dansant qui mêle une guitare crunchy à des instruments à vent savants et à cette unique phrase dite une seule fois : « à quoi sers-je ? » (peut-il s’agir ici du nom du groupe ?). « For Bob » enfonce le clou psychédélique de la musique expérimentale et chantée du quintette (le Bob en question serait-il le tonton-papy-parrain d’outre-manche Robert Wyatt ?), pour laisser la place à « Sillage 1, 2 & 3 » vrais (faux) instrumentaux avec un rythme qui s’accélère et s’amplifie. Trois morceaux qui ne passeront qu’auprès d’oreilles aguerries ou curieuses (je suis sûr que vais encore passé pour un taré de l’underground quand je vais faire écouter ça autour de moi). « Je Viens » calme le jeu musicalement, mais pour ce qui est du texte, c’est une autre  histoire : Julien Gasc se laisse sauvagement aller (encore un titre que je vais avoir du mal à passer dans les réunions de famille). « Travelling » et « Préparation » prennent le relai des Sillages évoqués précédemment. Expérimentaux et jouissifs (justement), ou quand Sun Ra rencontre Kraftwerk. Puis « Je Viens (reprise) » reviens sur « Je Viens », sans le texte chaud bouillant, mais avec une guitare qui le fait résonner. « Ceci », faussement douce et doucement intrigante conclue un album qui est (vous l’aurez sans doute compris) loin d’être facile. Exigeant comme beaucoup de (très) bons albums, « À l’amitié » est aussi un album lumineux et hallucinant, un album qu’on aura peut-être du mal à partager, mais tant pis : on l’écoutera tout seul, en boucle, jusqu’à usure complète de la cellule du phono !

 

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