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Atlas Sound – Logos

ATLAS SOUND – Logos
(4AD) [site] – acheter ce disque

ATLAS SOUND - LogosCela fait quoi un corps qui souffre, du bruit ou des notes ? La musique adoucit-elle les maux aussi bien que les mœurs ? Etre musicien, est-ce un dérivatif, une thérapeutique, un sacerdoce ? Autant de questions qui ont dû trotter dans la tête de Bradford Cox. Atteint d’une pathologie rare qui fait peser au-dessus de lui une épée de Damoclès, il se partage entre deux groupes dont les couleurs musicales sont plutôt opposées. Avec Deerhunter, vrai groupe rock en plein virage pop, il semble combattre le mal par le mal et rendre coup pour coup tandis qu’Atlas Sound, quasi-projet solo, le montre courbé sur ses samples, fignolant des miniatures empreintes de claustrophobie. D’un côté la colère, de l’autre le repli. "Let the Blind Lead Those Who Can See But Cannot Feel" sentait la convalescence et l’éther flottant entre les rideaux blancs d’une chambre d’hôpital. Curieusement son successeur, "Logos", est un disque alerte qui démarre protozoaire ("The Light That Failed") pour finir dans l’air nocturne agité d’éclairs ("Logos"). Une sorte d’Odyssée darwinienne où le corps maté par l’esprit se réinvente sans cesse passant du liquide au solide. Il y a du Protée chez Bradford Cox qui, s’effaçant du chant, digère ses invités comme la baleine Pinocchio – "Walkabout" reprend les obsessions de Noah Lennox pour les ambiances aquatiques et les chœurs wilsoniens. Plus loin, "Quick Canal" attache Laetitia Sadier aux commandes d’un vaisseau spatial dont la propulsion bubblegum n’est pas sans évoquer Stereolab. Admirations réciproques qui tiennent à distance dépression et masque funéraire, sans les conjurer tout à fait. "Kid Klimax" infuse les bips d’un respirateur et se finit sur un cri de surprise repris jusqu’à plus soif : "Oh my God !". Et puis il y a le cœur souffrant du disque : trois morceaux admirables cheminant sans gourde sur le versant sombre de la pop. "Criminals", cette valse déchirante tombée d’un manchon est la preuve vivante qu’on tient là un grand songwriter. Tout comme "Attic Lights" qui, démarré à la Johnny Cash, s’éblouit en fin de partie sur une pâmoison répétée. Un goût des rythmes brisés qu’on retrouve sur "Shelia", voletant comme un canari entre deux coups de grisou – une intro plombée à la guitare et cette ligne à reprendre son abonnement Meetic : "Coz no one wants to die alone". Mort solitaire, décadence des corps, les thèmes abordés par Bradford Cox n’ont pas changé, mais jamais jusque-là sa musique n’avait autant creusé l’espace et semblé en si grande expansion. Une fois de plus, "Logos" confirme un potentiel qui devrait en toute logique éclater au grand jour. Tient-on là son "Bleach" ? Enfin un mal à lui souhaiter.

Christophe Despaux

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The Light That Failed
An Orchid
Walkabout
Criminals
Attic Lights
Shelia
Quick Canal
My Halo
Kid Klimax
Washington School
Logos

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