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Axel Krygier – Pesebre

AXEL KRYGIER – Pesebre
(Crammed) [site] – acheter ce disque

AXEL KRYGIER - PesebreLe très bon label Crammed a décidément le don pour dégoter des artistes singuliers , originaires de contrées lointaines. L’Amérique du Sud est, à ce titre, un vivier fort intéressant ; après le Brésil et sa radioactive Cibelle, c’est au tour de l’Argentine de nous dévoiler ses trésors musicaux – Axel Krygier en est un des joyaux. Qu’il est bon d’être encore touché, voire carrément bluffé, par les hybridations d’un hurluberlu qui n’utilise – pourtant – pour ce faire , rien d’autre que son talent et quelques instruments organiques et électroniques, somme toute assez classiques. Bien que (trop) méconnu par chez nous, Axel Krygier est loin d’être un novice, et "Pesebre" n’est qu’une étape passionnante de plus dans la discographie déjà foisonnante du Monsieur.

Ce que l’on voit de prime abord en posant les yeux sur la pochette – soit dit en passant, dessinée par… ? Axel Krygier, bien sûr ! – ne colle pas vraiment avec la gaieté communicative qui campe la majeure partie de l’opus. Lorsque l’on y revient après une flopée d’heures d’écoute, le regard sur la chose mue. Certes, au milieu de l’obscurité, un agneau égorgé gît, ligoté, mais au second degré, c’est le symbole de la pureté qui prédomine, celle d’un don Quichotte qui s’amuse à nous amuser tous azimuts, sans vains subterfuges, avec des ritournelles trad/gypsy/pop/hip-hop/country/jazzy/twist, articulées sur une base latino éparse, emplie tantôt de flûtes péruviennes ("Tucumana"), tantôt de cumbia colombienne ("Cumbietón Rutero"), à la sauce Axel Krygier… Rapidement, on comprend que l’agneau et ses choeurs improbables occupent une place d’honneur et transcendent la musique de l’Argentin, empreinte d’un humour attendrissant, toujours juste.

Les quatre titres qui ouvrent l’album exploitent des registres très différents, entre souffle hispano/balkanique ("Cucaracha"), country/folk mexicaine samplée ("Serpentea El Tren"), bergerie hip-hop ("Pesebre"), et j’en passe… Puis, un joli hymne ("Agnus"), tout en cuivres, rend hommage à l’agneau sacrifié, comme pour tourner une page mélancolique et mieux appeler à "La Fiera", qui battra son plein jusqu’aux petites heures, sauf à quelques moments solennels où l’amour replongera Axel Krygier dans la mélancolie (le superbe "Ansia").

C’est dans la langue de notre hôte que se déploie le mélange audacieux des genres, ce qui interpelle d’autant plus l’oreille peu habituée à ce style d’expérimentation, en espagnol. Multi-instrumentiste émérite, Axel fait valser l’accordéon, la clarinette, le saxophone, la trompette, la basse, le glockenspiel, le piano, les samples… et transforme sa voix à tout va , en jouant de celle-ci comme d’un instrument de plus ; s’en échappent des combinaisons novatrices à l’image de ce que pourrait être le fruit de l’amour de cet âne courtisé de près par ce taureau qui trônent à l’intérieur de la jaquette.

Plus qu’à une crèche (traduction de "Pesebre"), c’est davantage à une arche de Noé, débordante de mystères et de cohabitations loufoques, qu’il convient d’assimiler cet album salvateur. Alors, embarquez-vous sans hésiter, les places sont rares.

Et, pour finir, devinez qui est le producteur de ce petit miracle ? Axel Krygier, who else?

David Vertessen

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