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Balmorhea – All Is Wild, All Is Silent

BALMORHEA – All Is Wild, All Is Silent
(Western Vinyl / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque

BALMORHEA - All Is Wild, All Is SilentVoilà un disque qu’on a envie d’aimer avant même de l’écouter, rien qu’en regardant sa pochette. Digipack sobre et soigné, où le blanc domine ; à l’intérieur, belle typo en capitales à droite, mise en regard d’un texte manuscrit à gauche ; au recto, une photo de paysage légèrement floue et surexposée invitant d’emblée au voyage. Ça tombe bien, le disque a justement tout d’un voyage sonore, dans l’espace mais aussi dans le temps. Quartet devenu sextet, basé à Austin, Balmorhea s’est inspiré des lettres écrites par un pionnier, William B. Dewees (1799-1878), venu du Kentucky, qui s’installa au Texas dans les années 1830. Le titre de l’album, "All Is Wild, All Is Silent" est tiré d’un de ces textes et résume son sentiment face à une nature grandiose, hostile et indomptée.

En neuf morceaux qui semblent former une longue suite, les musiciens ont tenté de traduire cette épopée typiquement américaine, où se mêlent enthousiasme et mélancolie, optimisme et angoisse métaphysique. Une conquête de l’Ouest impressionniste, qui se passe de mots, mais pas de voix, utilisées un peu dans l’esprit fervent de A Silver Mt Zion. Reposant sur une trame de piano, guitares et cordes, le résultat est absolument superbe, et assez inclassable, même si l’on peut rapprocher Balmorhea de formations comme Rachel’s ou l’encore plus obscur Threnody Ensemble. Les morceaux, souvent longs et structurés en plusieurs mouvements, les apparentent au post-rock ("genre" un peu passé de mode aujourd’hui), mais il y a chez les Texans une sensibilité très américaine et presque "roots" qui les distingue.

Dans leur son, déjà, dont la douceur acoustique louche fréquemment vers le folk ou la country ("Harm and Boon", "Elegy"), et plus largement dans leur façon de laisser respirer leur musique, de l’ouvrir sur les grands espaces. Ce qui ne les empêche pas d’avoir certainement assimilé quelques siècles de musiques européennes (le site Pitchfork évoquait Stravinsky, Debussy et Arvo Pärt, rien de moins, à propos d’un disque précédent du groupe). Il en résulte une œuvre séduisante mais refusant la facilité, complexe mais sans virtuosité ostentatoire, d’un parfait équilibre entre exaltation vibrante (l’ouverture "Settler") et dépouillement recueilli (la clôture "November 1, 1832"). Oui, vraiment, un très beau voyage.

Vincent Arquillière

Settler
March 4, 1831
Harm and Boon
Elegy
Remembrance
Coahuila
Night in the Draw
Truth
November 1, 1832

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