Cette sortie, certes, ne révolutionne rien. On y retrouve les artisans habituels du son scintillant et tapageur d’Atlanta, D. Rich en premier lieu, Zaytoven aussi, et un brin de Metro Boomin et de TM88. Et ceux-ci restent, dans l’ensemble, fidèles aux recettes locales (hormis les scratches de « Dope Boy Shit », peu ordinaires en ces lieux). Quant à Bankroll Fresh lui-même, il ne dévie pas outre-mesure du rap de rue ordinaire, obsédé par le fric et les filles, crâne et amoral, avide de rimes simples et de répétitions. Tout juste note-t-on en plus, en filigrane, dans les vidéos, la pochette, les références (il est question de 400° sur le morceau éponyme) et quelques sons, une influence des vieilles sorties Cash Money. Après tout, le rappeur ne proclame-t-il pas être lui-même, également, un Hot Boy ?

Life of a Hot Boy se distingue toutefois du tout venant. Si les raps de Bankroll Fresh s’avèrent souvent difficiles à suivre, ils se montrent très plastiques. Son flow, en effet, change au fil des titres, sa voix même est plus ou moins rauque, d’un morceau à l’autre. On passe des quasi-gémissements de « Out Da Mudd », dignes de la vague de rappeurs allumés qui sévissent actuellement dans la même ville, aux chantonnements de « The Truth », « Hunger », « Cold World » et « Hustle », puis au jeu à deux avec Rich Homie Quan sur « Show Em How to Do it », un titre qui a quelque chose de Migos, tout comme ce « Come With It » bourré d’onomatopées.

Ailleurs, nous avons droit aux divagations d’un claironnant « New-York Freestyle », à l’entêtant refrain de « G-Code », au souple et relax « Last Don », soutenu par un chouette travail de Zaytoven, ou encore à un « I Wanna Live » produit par Metro Boomin, que n’aurait sûrement pas renié un Young Thug. Sans oublier le phrasé rapide et saccadé de « All Out », celui auquel « Hot Boy » doit tant, lui aussi.

Capitalisant sur ce single, Bankroll Fresh semble avoir voulu livrer ici une synthèse de tout ce que le rap d’Atlanta (et au-delà), est capable de faire. Il y a multiplié les styles, avec constance et réussite, au point qu’on a l’impression parfois qu’il se dédouble. Il est parvenu à apporter à Life of a Hot Boy assez de diversité pour être appréciable, en dépit de sa longueur, d’un bout à l’autre ou presque.