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Bertrand Betsch – Interview


Deux ans et demi après un « Pas de bras, pas de chocolat » qui frôla le succès, moyennant un changement de label, revoici Bertrand Betsch, un des fleurons trop méconnus de la chanson d’ici avec un quatrième album. Retour en compagnie de Bertrand sur ce nouvel album, « La Chaleur humaine ».

Les passages radio et le petit succès de « Pas de bras, pas de chocolat » ont-ils aidé à vendre l’album précédent un peu mieux que ceux d’avant ? Vis-tu de ta musique ?
« Pas de bras pas de chocolat » n’a été qu’un mini-mini tube. Les ventes de l’album n’ont pas été faramineuses (6000 ventes contre 3000 pour le premier album) mais m’ont quand-même permis d’élargir mon public et de gagner une meilleure visibilité.
Je ne sais pas si je vis de ma musique, en tous cas c’est elle qui me tient en vie. Je m’y consacre entièrement, elle donne un sens à ma vie et me rapporte tout juste assez d’argent pour bouffer (à ce propos j’ai pris un peu d’embonpoint, cela implique donc que je mange à ma faim).

Tu es issu de la « famille » Lithium. Est-ce que tu as l’impression d’avoir une place à part au sein de la « scène française », un petit peu en amont
peut-être ?

Je suis issu effectivement de la famille Lithium mais Lithium n’a jamais été une famille, plutôt un point de convergence d’artistes un peu décalés.
Je ne sais quelle est ma place sur la scène française, sans doute un peu à part. Après dix ans de carrière, je ne peux que constater amèrement que je suis un artiste plutôt marginalisé relativement à la portée (je trouve) assez universelle de mes chansons. Je n’ai, comme on dit, pas rencontré mon public, ou plutôt j’ai rencontré un certain public, assez pointu dirons-nous, mais cela ne permet pas d’avoir le moindre poids au regard de l’industrie musicale. D’ailleurs je ne donne pas très cher de ma peau. A chaque album c’est quitte ou double et je ne sais jamais si l’on me donnera à nouveau l’opportunité de publier un nouvel opus.

Peux-tu nous éclairer sur le symbolisme de la pochette, les yeux bandés… Qu’est-ce que cela signifie, au fond, surtout par rapport au titre et au thème de l’album (les relations humaines, l’affect) ?
La pochette de l’album est polysémique et c’est à chacun de l’interpréter comme il l’entend. Un journaliste m’a dit que pour lui elle signifiait que dans un couple, lorsqu’il fonctionne, on n’a plus besoin de se voir pour rester en lien, en communion. Cette interprétation me plaît bien. Mais il y a bien d’autres lectures possibles :
– aimer c’est se faire confiance au point d’avancer dans la relation les yeux bandés,
– il y a aussi le thème du jeu (on peut penser à colin-maillard), jeu amusant mais aussi parfois dangereux (« les histoires d’amour finissent mal en général »),
– on peut interpréter l’image comme celle de deux condamnés à un peloton d’exécution (l’amour comporte un péril, celui de voir la relation se terminer avec tous les dommages que cela peut causer, la sensation de mourir
à soi-même, etc.),
– sur la photo j’ai un peu une tête de rugbyman (l’amour est un combat, combat pour que ça dure, combat contre l’adversité, contre soi-même – accepter la part d’altérité de l’autre, etc.).

Comment se sont passés les enregistrements de cet album qui ont été apparemment longs ? Est-ce que tu cherchais un son ou quelques chose de précis, ou laissais-tu aux arrangements le temps de mûrir ?
Non, l’enregistrement de cet album s’est fait très rapidement, avec une grande facilité, une véritable évidence, à l’inverse du précédent album qui avait demandé plusieurs années de maturation. Pour cet album j’ai voulu aller vite, droit au but, être le plus direct et le plus spontané possible, ce qui explique le côté décharné de certains morceaux (le premier titre, « Au cinéma » a été écrit, composé et enregistré live sur une seule piste en moins d’un quart d’heure).

L’album était fini depuis l’été 2006, si j’ai bien compris. Pas trop dur d’attendre aussi longtemps la sortie ? Comment trompes-tu le temps dans ce genre de période d’attente ?
Faire des disques c’est inévitablement faire l’expérience de la frustration. Lorsqu’un album est fini, il y a toujours six mois de délais avant la sortie physique de l’objet, cela en raison de problèmes de stratégie commerciale propre à l’industrie du disque. Ce métier vous apprend la patience. Une chanson comme « La fin des colonies » a dix ans et elle ne paraît que maintenant. Cela dit une bonne chanson reste une bonne chanson, quoi qu’il arrive. Pour ma part, entre deux albums, je continue à écrire des chansons et à préparer les albums à venir, donc pas de temps mort. Mon prochain album est déjà écrit, composé et partiellement enregistré. J’en suis très très fier et inutile de te dire que je suis très impatient de le sortir.

 

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