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Big Star – Big Star Story

BIG STAR – Big Star Story
(Ryko / Naïve) – acheter ce disque

BIG STAR - Big Star StoryDans Big Star, tout est bon. Et ce tout tient en relativement peu d’albums. Me voici donc perplexe devant cet objet pas franchement utile de prime abord : si vous voulez le best of de Big Star, vous pouvez acheter leur discographie studio complète, joliment rééditée par Ryko en 1992, plus quelques lives : en tout, six CD, trois fois rien. Admettons que vous ne vouliez vraiment pas ou que la hausse de la taxe sur le gas oil ne vous autorise pas de telles largesses (mais je vous signale tout de même qu’on trouve relativement aisément les deux premiers albums, "#1 Record" et "Radio City", réunis sur un seul CD). Alors voilà "Big Star Story", l’histoire d’un des groupes les plus influents de l’histoire du rock, dirait la pub.

(Insérez ici la notice biographique de rigueur). Formé en 1971 à Memphis par Chris Bell, Jody Stephens et Andy Hummel, vite rejoints par un ami, Alex Chilton, de retour de New York après une juvénile aventure au sommet des charts avec les Box Tops ("The Letter", la pub SNCF, c’était eux), le groupe pique son nom au supermarché du coin et enregistre un premier album pour le label Ardent. Judicieusement titré "#1 Record", l’album est salué par la critique, mais sa commercialisation est fortement contrariée par les remous d’un énième rachat de Stax, distributeur du label Ardent. Un coup dans l’eau. Chris Bell quitte le groupe, pour se lancer dans une carrière solo (puis contre un mur en voiture, quelques années plus tard). Les trois qui restent s’attellent à l’enregistrement du deuxième album du groupe, "Radio City", qui subit d’ailleurs le même sort que son aîné en terme de ventes et d’accueil critique à sa sortie, en 1974. Andy Hummel reprend alors ses études, et Big Star enregistre son dernier album "Third" aussi connu sous le nom de "Sister Lovers" (Chilton et Stephens sortaient avec deux jumelles à l’époque). Celui-là ne sortira jamais vraiment du vivant du groupe… Bref, s’il n’y a pas là de quoi faire un groupe culte… Quant à la liste d’artistes que Big Star aurait influencés, elle se pose là : R.E.M., Replacements, Teenage Fanclub, Posies, dB’s… En 2003, dès qu’on commence à parler de "Power Pop", le nom de Big Star n’est jamais loin. C’est d’ailleurs un petit peu réducteur, car Big Star, ce n’est pas que l’alliance mélodies (Beatles) / énergie (Who) / guitares carillonantes (Byrds) qui définit le genre. C’est aussi, dans une veine très velvetienne, un des albums les plus malsains de l’histoire du rock ("Third / Sisters Lovers") et également des racines plus rock’n’roll voire R&B (on est à Memphis que diable) qu’on oublie souvent à force de ne voir le groupe qu’à travers les groupes influencés suscités. Cette compilation rend bien compte de ces nuances, c’est à porter à son crédit.

Il n’empêche qu’on est servi d’emblée en matière de power pop, puisque c’est "September Gurls" qui ouvre le disque et que "September Gurls", ce n’est ni plus ni moins qu’un des plus belles pop songs jamais composées, en plus d’être la matrice d’une ribambelle d’autres depuis (influents, je vous dis). Suivent "Thank you, Friends", chouette, et une version moins bonne que l’originale de "Don’t Lie To Me". Et là de perplexe, le fan que je suis devient carrément sceptique, et ça ne s’arrange pas avec la suite… au lieu de reprendre la sublissime version album de "Thirteen", on a droit à la version live enregistrée pour une session radio et déjà disponible par ailleurs, très bonne mais pas forcément aussi marquante pour qui découvrira le titre avec cette version. Et en plus elle fait riquiqui suivie du sublime "You and Your Sister" de Chris Bell (en solo). Continuons l’inventaire : nulle trace de titres aussi essentiels que "I’m in Love With A Girl", "You Get What You Deserve", "Mod Lang", "Watch The Sunrise", "What’s Going Ahn" ou "Way Out West"… Et puis pourquoi nous coller deux reprises (Loudon Wainwright III et T. Rex), certes très bonnes, en lieu et place de compositions du groupe ? Et pourquoi ça ne dure qu’à peine soixante minutes ? Et est-ce qu’il fallait vraiment mettre la nouvelle compo enregistrée avec les Posies pour finir ? Brisons-là.

Commencer la découverte d’un groupe par l’achat d’une compilation de type "best of", c’est généralement une très mauvaise idée. Si ça vous plaît, vous courez acheter tous les albums, albums que vous n’appréciez pas forcément à leur juste valeur, parce que vous en connaissez déjà tous les meilleurs titres, et c’est nul. A contrario, c’est ce qui fait qu’à force d’être mal fagotée cette compilation est idéale pour découvrir Big Star sans se priver d’un grand plaisir ultérieur, celui de se prendre par exemple "Radio City" intégralement en pleine poire. Bref, si vous ne connaissez pas ce groupe (qu’il faut connaître, l’ai-je mentionné ?), ne dédaignez pas "Big Star Story". Pour l’esprit de synthèse, mention passable, mais en guise d’introduction, ce n’est pas mal du tout. Et de toute façon, vous aurez tôt fait ensuite de vous constituer votre propre best of. En achetant tous les albums. Souriez maintenant.

Guillaume

September Gurls
Thank You Friends
Don’t Lie To Me
Ballad Of El Goodo
Holocaust
I Am The Cosmos
In The Street
You Get What You Deserve
Thirteen
You & Your Sister
Back Of A Car
Jesus Christ
Mod Lang
Baby Strange
O Dana
Motel Blues
Nightime
Hot Thing

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