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Disques

Budam – Man

Budam - Man

Budam est un barde : à la fois devin, satiriste, conteur, chanteur, poète et musicien… C’est un être mystique qui produit une musique habitée et complexe, des « chansons puzzle » comme il les nomme lui-même, capables à elles seules de vous transporter loin, sur un bout de terre perdu au milieu de l’Atlantique, ses Iles Féroé natales. Sur son second album, « Man », Budam nous embarque donc dans un voyage fantasmagorique qui débute par un poème de William Blake, « The Fly », où l’homme se confond avec la mouche dans une danse de plus en plus endiablée tout au long du morceau. Après la danse mouche vient celle de l’éléphant, brinquebalante, baroque, une sorte de chanson de Baloo faite de bric et de broc…

Dans le titre suivant, « The Man Who Knows Everything », le rêve vire au cauchemar et à la paranoïa, le musicien martelant pendant l’essentiel de la chanson « We are being watched ! ». Nous n’avons jamais dit que le voyage que nous propose Budam serait de tout repos : comme Alice dans son pays merveilleux, on se fait trimbaler dans son monde, ne sachant jamais trop sur quoi nous risquons de tomber la minute suivante. Après l’angoisse du titre précédent, c’est un morceau lumineux qui nous attend cette fois. « The Bicycle » raconte les pérégrinations d’un groupe de croyants qui décide de rejoindre Israël depuis les Iles Féroé… à vélo. Et qui finit par y arriver ! Une ode narquoise à la ferveur religieuse.

Retour ensuite de l’angoisse sur « The Aeroplane ». Le voyage se transforme en fuite : « I gat to get away ! » Le morceau rappelle musicalement du Björk sous amphèt’. Les deux semblent d’ailleurs partager cette même claustrophobie insulaire qui les a conduits chacun à s’expatrier pour parcourir le monde et se créer des personnages derrière lesquels s’effacent leurs personnalités véritables.

Le thème de la religion revient à nouveau comme symbole du sentiment amoureux sur « You Are My Religion », puis comme origine de tous les maux de l’être humain sur « God Is Fucking With Our Heads ». Il n’est pas surprenant de retrouver ce thème religieux de manière récurrente dans l’écriture du songwriter puisque, comme il l’expliquait lui-même sur la scène de la Maroquinerie, les « Féroïens sont un peuple très croyant ». Budam prend donc un malin plaisir à en faire aussi bien un sujet d’admiration que de raillerie.

Le titre suivant, un presque dernier titre intitulé « Last Song », est le parfait symbole de cet album kaléidoscopique. Une entame tout en douceur, des parties intermédiaires multiples qui se fondent en un final grandiose. Ce magnifique disque s’achève sur une petite berceuse entonnée à deux voix, « All You Dream You Get To Keep », qui illustre merveilleusement le talent de conteur de l’artiste, probablement hérité de son père…

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