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Calexico – Carried to Dust

CALEXICO – Carried To Dust
(City Slang / Cooperative Music ) [site] – acheter ce disque

CALEXICO - Carried To DustCalexico fait partie du paysage indépendant depuis désormais plus de 10 ans. Il est dur de trouver un article sur le groupe californien qui ne fasse référence au désert et à tout l’imaginaire auquel leur musique est rattaché. Loin d’être absurdes, ces références ont pu parfois nuire au groupe, les cataloguant sans rendre forcément justice à toutes les subtilités qui habitent leurs albums. A ce titre, "Carried to Dust" est une brillante réussite, magnifique trait d’union entre les différentes aspirations du groupe, à savoir sonorités latines, mélodies folk et une certaine évanescence.

Le précédent disque de Calexico, "Garden Ruin", n’a pas franchement laissé un grand souvenir, car il avait justement tenté de gommer les visées du groupe, en les noyant dans une production et une écriture un peu lisses, presque passe-partout. Fort heureusement, dès le début de "Carried to Dust", "Victor Jara’s Hands" remet les compteurs à zéro. Le morceau fait référence à Victor Jara, musicien chilien exécuté sous Pinochet, et on y retrouve avec un plaisir non-feint la douce voix de Joey Burns, la trompette de Martin Wenk qui illumine le refrain, et surtout la frappe tout en nuances de John Convertino. Le chant partagé entre Burns et Jairo Zavala, musicien péruvien croisé au détour des pérégrinations du groupe, apporte le surplus d’émotion et d’âme qui donne sa force au morceau. Plus arrangé, plus luxuriant dans son orchestration pop, "Two Silver Trees" est aussi une belle réussite, qui prouve que Calexico ne dilue pas son propos dans les multiples instruments qui habitent le morceau (glockenspiel, accordéon, banjo…), tout comme "No News About William", avec ses violons et sa guitare caressante.

Le disque est ainsi d’une grande fluidité, les titres s’enchaînent avec plaisir, chacun avec leurs couleurs, leurs traits communs entre eux mais aussi leurs ambiances : à la pop légère de "Writer’s Minor Holiday" répondent les moites rythmes de "Inspiracion". Il y a aussi le folk désertique de "House of Valparaiso", avec la présence de Sam Bean, et qui donne envie de s’attarder au soleil plus que de raison, tout comme "Slowness", petite pépite d’americana langoureuse. Mais c’est dans "Man Made Lake" et "Fractured Air (Tornado Watch)" que se cachent les plus éclatantes réussites du disque, en mêlant avec bonheur climat sombre, distorsions électriques et tension retenue qui tranche avec l’efficacité du reste du disque, en choisissant des chemins sinueux. Dans un dernier contrepied, "Contention City" clôture le disque sur une mélodie minimaliste, comme du post-rock désertique, très lent et délicat à la fois : Sigur Rós pourrait bien écrire un morceau comme ça, s’ils étaient nés quelque part en Arizona. En tout cas, les petites percussions, le piano jouet et le wurlitzer créent une ambiance dont on n’est pas sûr de connaître la teneur.

Calexico a repris les choses en main avec "Carried to Dust". Finis les compromis, le groupe réaffirme avec brio son appartenance, ainsi que l’aspect très visuel et sensoriel de sa musique. Au diable les clichés, je suis simplement heureux de retrouver Calexico inspiré, fidèle à lui-même mais qui continue à avancer : c’est un signe de bonne forme pour le groupe, et la marque d’un grand disque.

Michaël Choisi

A lire également, sur Calexico :
la chronique de « Garden Ruin » (2006)
la chronique de « Hot Rail » (2000)

Victor Jara’s Hands
Two Silver Trees
The News About William
Sarabande In Pencil Form
Writer’s Minor Holiday
Man Made Lake
Inspiracion
House of Valparaiso
Slowness
Bend to the Road
El Gatillo (Trigger Revisited)
Fractured Air (Tornado Watch)
Falling From Sleeves
Red Blooms
Contention City

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