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Disques

Chris Clark – Empty The Bones of You

CHRIS CLARK – Empty The Bones of You
(Warp / PIAS)

CHRIS CLARK - Empty The Bones of YouQuoi de neuf dans l’electronica dure du label Warp Records ? Est-elle passée en mode "pilote automatique", avec la suite assez prévisible des œuvres de Plaid, Aphex Twin ou LFO ou couve-t-elle de nouveaux talents surprenants ? A l’intérieur des frontières d’une identité sonore et d’un style de production devenus presque "classiques", il se passe parfois des mutations fascinantes. Ecoutons l’une des dernières sorties de cet automne : Chris Clark
Après un premier mini-album ("Clarence Park") il y a deux ans, et d’autres essais assez remarqués en EP, Chris Clark revient avec un vrai travail de réflexion sur les limites de la technique et de l’ingénierie sonore. Ce qui rappelle au début les raffinements de la manière Boards Of Canada, devient très vite troublant et source d’émotions nouvelles : une texture de sons distordus et d’obscurs craquements industriels sur fond de lents écoulements de sève rythmique, le tout produit par ce qui ressemble à d’anciens synthés analogiques. D’abord les distorsions : humides, sourdes, d’une consistance qui fait penser au clapotis de la salive entre la langue et les dents, dès l’ouverture : "Indigo Optimus". Comme si Clark reprenait, à l’aide des machines, le travail purement vocal de Bauchklang, lui-même une imitation de bruitages électro-rythmiques, dans une mise en abîme vertigineuse. Qui imite qui ? Ensuite, le rythme : très flexible, quasiment dansant sur certains morceaux ("Early Moss" ) comme une charpente de bambou moins fragile qu’elle n’en a l’air, presque absent sur d’autres ("Tyre"), ou s’évanouissant à mi-chemin, enrobé de parasites et de sifflements ("Tycan" ou "Wolf"). On retrouve parfois des réminiscences d’Aphex Twin, comme ces petites mélodies jouées en arrière-plan sur un piano hésitant, mais aussi la consonance bizarre des titres illisibles ou ambigus : "Tycan",  "Gavel : Obliterated" ou "Gob Coïtus" . Finalement les voix, assez bien cachées et jamais compréhensibles, mais d’autant plus intrigantes qu’on peut les prendre pour des bruits (sur "Slow Spine" ou "Gavel : Obliterated"), ce qui n’est qu’un effet symétrique à l’humanisation des sons artificiels. Ainsi, Clark cerne le domaine de ses explorations métaphoriques : des vrombissements comme des voix, des chants comme des crissements.
Sur l’ensemble, une bonne surprise, sauf quelques passages légèrement monotones, mais c’est là un problème auquel même Plaid, de vrais maîtres de l’invention mélodique et rythmique, n’ont pas encore trouvé de solution définitive.

Gabriel Marian

Indigo Optimus
Holiday As Brutality
Empty The Bones Of You
Early Moss
Tyre
Tycan
Wolf
Slow Spines
Umbilical Hut
Farewell Track
The Sun Too Slow
Gavel : Obliterated
Gob Coïtus
Betty

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