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Disques

Chris Cohen – Chris Cohen

Chris Cohen - Chris Cohen

On suit Chris Cohen depuis que des amis musiciens hautement dignes de confiance musicale (Pokett, Domotic, Le Ton Mité pour le plaisir de les citer et de leur faire de la pub) nous ont mis sur les pistes de ces projets : « The Curtains » et « Cryptacize ».

Ce Chris Cohen, troisième du nom, est plutôt monolithique, enfin faussement bien sûr, toujours porté par ce chant nonchalant qui caractérise son anti-marque de fabrique. On trouve un peu partout cette basse caoutchouc, sur des acidités de guitare comme des idées, des rêves, lointains des 70ies. On y pense beaucoup à ces années bénies de la pop, un peu fourre-tout, et notamment au Buffalo Springfield (« Green Eyes » et « Sweet William », tubes) avec, dans le fond, une certaine essence punk mais assagie et comme réfléchie.

Rien n’est totalement univoque chez Cohen pour peu qu’on veille à dresser l’oreille aux minuscules arrangements qui se glissent discrètement dans la production. Toujours dans la même veine, « Heavy Weather Sailing » est un autre tube rock countrysant mais syncopé et rappelant certaines compos des anciens comparses de Deerhoof, en plus sage. Tout aussi étrange et dans un registre proche : « House Carpenter » est plein de wah wah, un peu Doorsien mou du genou mais en beaucoup plus fin.

Autre fil à tirer, et composante récurrente de Chris Cohen, la pop précieuse et psychédélique notamment sur « The Link », façon The Left Banke MAIS sous codéine MAIS avec l’intervention inattendue d’un sax free furieux.

Dernier plateau, sans doute le plus présent, la pop synthétique, new wave des 80ies, celle des petits génies post-prog. « Edit Out » est a priori très cotonneux puis la basse s’épaissit et rencontre un saxo voyageur, le même qu’on retrouvera sur le final « No time to say Goodbye », soit un sax tout à fait popeux mais qui garde toute la puissance libre du jazz car non confiné dans son genre.

Ce dernier trait n’est pas étonnant pour qui suit la discographie de Cohen et de Deerhoof, d’autant que la production est fortement inspirée des gros cerveaux musicaux Pat Metheny et Thomas Dolby (producteur, entre autres, des meilleurs Prefab Sprout). On vous conseille de vous (re)plonger, après écoute de ce Chris Cohen, dans « Golden Age of Wireless » et la bande originale de « Falcon & the Snowman », vraiment matriciels de cette pop jazzeuse, organique et synthétique. Outre l’atmosphère musicale, on y trouve même les germes de la mélancolie instillée par les secrets et mensonges, d’Etat chez Metheny-John Schlesinger (qu’on pourrait d’ailleurs voir comme le doppleganger cinématographique de Cohen), familiaux chez Cohen, mais contrebalancée par une certaine intelligence et le plaisir du jeu. Un exercice curatif, en somme, administré pour tous les curieux de pop réfléchie, fouillée et délicate.

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