Loading...
Disques

Fire Zuave – Sand Fastened

FIRE ZUAVE – Sand Fastened
(Autoproduit) – acheter ce disque

FIRE ZUAVE - Sand FastenedOn glose à foison sur la scène londonienne des années 60 ou l’indé des années 80, mais nous assistons à l’émergence, depuis la fin des années 90, d’un certain nombre de groupes nord-américains dont la vitalité, l’esprit d’aventure, l’intégrité artistique, le second degré permanent rendent l’époque musicalement excitante, dès lors qu’on fait montre d’un peu de curiosité – à condition évidemment que ce type de tons et d’atmosphères interpellent. Des formations comme Of Montreal, Deerhunter, Broken Social Scene, Wolf Parade, Okkervil River, Fleet Foxes, Arcade Fire, capables de vous trousser plusieurs pépites par album tout en restant relativement loin de l’habituel cirque rock. Malgré certains succès médiatiques et commerciaux, ces groupes demeurent en marge, quoi qu’on en dise, souvent volontairement, ne bradant jamais leur identité. Là est leur force : le moins de compromission possible.

Certes, tous les groupes émergeant ne sont pas de la hauteur de ceux précédemment cités et la hype ambiante se révèle parfois agaçante à force d’articles outrés. On croise cependant plusieurs fois par an quelques albums honnêtes, sans fatuité, pleins de bonne volonté et terriblement attachants. Tel est le cas de ce premier LP signé Fire Zuave, formation de Floride ayant récemment accompagné les trublions emmenés par Kevin Barnes. On retrouve en neuf chansons tout ce qui fait le charme de cette singulière communauté spirituelle : pop foutraque, structures en montagne russe, fantaisie mélodique, ballades folk hésitant constamment entre folie des grandeurs et dépouillement. Une bonne tonne de talent en moins. "Way We Were Before" est ainsi typiquement le genre de titre qui passerait pour anecdotique sans le chant cafardeux et languissant de Chuck Andrews. On se trouve devant une drôle d’équation : une composition qui sur le plan rigoureusement musical est à tout le moins modeste, pour ne pas dire limitée, basée sur une structure tout à fait conventionnelle, une voix qui ne se démarque guère de plusieurs autres de la même génération, le tout donnant un titre qui n’a de cesse d’envoûter au fil des écoutes et qui finirait presque par sembler pittoresque.

"If You Were Gold" pourrait être une reprise de Johnny Cash par les Decemberists : quelques accords bucoliques tournant en boucle, seconde guitare argentine, harmonica languissant, choeurs lumineux. Une magnifique chanson de cowboy mélancolique, sortant du bar à une heure du matin après avoir pleuré dans sa chopine en écoutant de vieux tubes country au juke box. "If you were queen, I’d make a reign to get to you, so I could be your king" chante Andrews la voix timide et tremblante, se résignant peu à peu à abandonner son doux mirage. S’y joint un folk à l’arrière plan rugueux, plaintif et pathétique façon Byrds sur le déclin ("Emily"), des proto-Wolf Parade diablement ficelés ("Different Day", "Starving Like a Pack of Wolves"), une plaisante ballade aux sentiers rebattus ("Colors of the Sun") et, soyons francs, deux trois titres que l’on omettra de signaler sans éprouver de regret. Au fond, Fire Zuave sait écrire des chansons tenant la route, mais pêche par un flagrant manque de caractère. Ce n’est qu’un bon premier album. On en a vu d’autres gravir des montagnes bien plus élevées. Le "Pablo Honey" de Radiohead fait figure d’exemple éternel. Conclusion : il est temps de scier quelques barreaux, Chuck.

Julian Flacelière

Starving Like a Pack of Wolves
Way We Were Before
Different Day
Colors of the Sun
Translated Dragon
Emily
Gypsies
Whatever Side You’re on
If You Were Gold

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *