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Disques

Kim Fowley – Living in the Streets

KIM FOWLEY – Living in the Streets
(Microbe / Discograph)

KIM FOWLEY - Living in the StreetsChronique un peu tardive d’un disque qui n’est certes pas d’une actualité brûlante : la réédition d’une compilation du mythique Kim Fowley, parue à l’origine en 1977, et rassemblant des singles parus entre 1967 et 1974 – ce qui ne nous rajeunit pas -, sous son nom ou sous divers pseudos (du genre Jimmy Jukebox). Si l’on peut regretter l’absence de bonus tracks (le disque ne dure qu’une grosse demi-heure, et on aurait bien aimé entendre les versions originales de titres qu’on ne connaît qu’à travers leurs reprises par d’autres artistes, tel Bubblegum qui figurait sur l’album "EVOL" de Sonic Youth), le petit label français Microbe a soigné l’emballage, exhumant notamment une longue interview de Fowley.
A ce stade, il n’est peut-être pas inutile de rappeler l’étonnante carrière de ce personnage excentrique, sorte de Pygmalion dans la lignée de Phil Spector et de Lee Hazlewood, en plus rock’n’roll. Fils d’un acteur, Kim Fowley naît fort logiquement à L.A., en 1942. Dans les années 60, il obtient plusieurs succès dans les charts, soit comme interprète, soit comme auteur pour d’autres groupes et artistes. La plupart sont oubliés, quelques-uns fameux : Byrds, Beach Boys, Soft Machine, Cat Stevens ou Them. Il produira aussi les toutes premières démos des Modern Lovers de Jonathan Richman, avant John Cale, et serait même l’auteur des notes de pochette de l’ultime album de l’affreux G. G. Allin. Il commence à sortir des albums en 1967, mais aucun ne lui permettra de percer en tant que chanteur. Il sera en revanche à l’origine du succès des Runaways de Joan Jett (hum), groupe de hard-rock teenage féminin monté de toutes pièces.
L’homme est donc particulièrement éclectique, et il n’est pas étonnant par conséquent que chacun des douze morceaux du disque soit traité dans un style différent. Le ciment de cet ensemble hétérogène reste bien sûr la voix maniérée de Fowley, qui se détache d’autant plus que l’accompagnement est souvent minimal ou relégué au second plan par le mixage (le dernier morceau, "Sex, dope & violence", est même du spoken words où Fowley s’autocélèbre, sans aucune musique !). Une voix qui évoque par moments Lou Reed ou Richard Hell période "Blank Generation", et à d’autres un Bowie plus terrien. "Hollywood Nights" rappelle aussi le débit amphétaminé de Roger Daltrey sur "My Generation" des Who, tandis que sur "Living in the Streets", Fowley semble carrément imiter le jeune Jonathan Richman. Et sur "Summertime frog", il fait la grenouille, logique.
L’ensemble dépote gentiment, assez loin quand même de la sauvagerie des contemporains Stooges et MC5. Quand Fowley s’excite un peu, joue au décadent, il annonce plutôt le trash parodique des Cramps. Le ton reste très sixties, insouciant et sans prétention, célébrant une sous-culture urbaine et californienne (cf. titres), avec détour vers un blues peu conventionnel sur la fin ("Summertime Frog"/"Love Bomb"). Quelque part entre les Fleshtones et les White Stripes, si l’on veut, et parfois à la limite de l’idiotie – mais à la base, le rock’n’roll n’était pas vraiment une affaire d’intelligence.
À l’heure où il suffit de secouer un arbre pour qu’en tombent dix combos de garage-rock parés pour la gloire, ce disque anecdotiquement essentiel, une mine pour tous ceux qui cherchent des morceaux méconnus et néanmoins basiques à reprendre, devrait remettre quelques pendules à l’heure. Peut-être bien d’une actualité brûlante, finalement.

Vincent

Motorboat
25 hours a day
Big bad Cadillac
Man without a country
California Summertime
Hollywood Night
Born to make you cry
Thunder road
Summetrime frog
Love bomb
Living in the streets
Sex dope & violence

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