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Disques

Liam Hayes – Slurrup

Liam Hayes - Slurrup

Etrange parcours que celui de Liam Hayes. Avec ses pantalons pattes d’éph’, sa coupe à la Marc Bolan et ses lunettes teintées, le bonhomme semble vivre dans un espace-temps qui n’appartient qu’à lui. La façon dont il gère (ou ne gère pas) sa carrière discographique pose, elle aussi, quelques questions. Longtemps étiqueté comme une sorte de génie solitaire et hors du temps, le songwriter n’a jamais réussi à capitaliser sur le semblant d’éclairage qu’aurait pu lui fournir une apparition dans l’adaptation cinématographique du cultissime « Haute Fidélité » de Nick Hornby (2000). Au contraire, Hayes semble s’être appliqué, depuis lors, à fuir toute forme de reconnaissance publique. Ainsi, il nous aura fallu échanger virtuellement quelques yens avec un micro-label nippon pour réussir à mettre enfin la main sur l’une des trop rares copies physiques de son précédent effort, le fantastique « Korp Sole Roller ». Passé totalement inaperçu, et pour cause, ce disque prodigieux aurait pourtant mérité des tombereaux de louanges, tant il semblait concrétiser tout ce vers quoi l’artiste avait toujours tendu. Bénéficiant du doigté extraordinaire de Pat Sansone (Wilco, The Autumn Defense), « Korp Sole Roller » impressionnait avant tout par sa capacité à égaler la tenue des plus grands classiques de l’histoire de la pop.

Quelques mois à peine après ce coup d’éclat tristement infructueux, voici donc Liam Hayes de retour, fort d’un contrat flambant neuf avec le label américain Fat Possum. L’heure de la reconnaissance aurait-elle enfin sonné ? Encore eût-il fallu que l’homme de Chicago consente, pour une fois, à faire les choses comme tout le monde. Ce serait bien mal connaître ce drôle d’énergumène : loin de prolonger les prouesses de son prédécesseur, son nouveau méfait, plus rock, se révèle finalement un chouïa anecdotique. Si Hayes demeure assurément un compositeur de premier plan, capable de tutoyer le génial Todd Rundgren ou même les Fab Four sur une poignée de pop songs imparables (« Long Day », « Nothing Wrong », « Keys to Heaven »), il nous livre ici un album plus rugueux (« One Way Out ») et plus décousu (« Channel 44 »). Pourtant, même lorsqu’il renonce au confort de la soft-pop classieuse dont il a le secret, Liam Hayes parvient encore régulièrement à toucher au but, à l’image de la power-pop dézinguée de « Fokus ». En résumé, si rien ne pourrait gâcher le plaisir de retrouver aussi rapidement celui qui se dissimulait autrefois sous le nom de Plush, nous préférerons sans doute replonger dans les inépuisables richesses de travaux passés plus ambitieux et consistants tels « Bright Penny » (2009), « Fed » (2002) ou le susmentionné « Korp Sole Roller » (2014).

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