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Disques

Musée Mécanique – From Shores of Sleep

Musée Mécanique - From Shores of Sleep

Six ans. Autant dire une éternité. Nous en aurions presque oublié de reprendre un ticket pour ce Musée Mécanique, dont le folk orchestral fut pourtant l’une des plus grandes révélations d’une fin de décennie dominée par Fleet Foxes ou Midlake. Depuis l’inaugural « Hold This Ghost » (2008), les choses ont bien changé. Les chemises à carreaux sont aujourd’hui rangées au placard, Sufjan Stevens s’est mis à l’electro, les harmonies vocales luxuriantes n’occupent plus le devant de la scène. C’est sans doute ce qui rend le retour du groupe de Portland tellement précieux : en 2014, la musique de Musée Mécanique n’est plus noyée dans le flot de celle de ses challengers, ce qui nous laisse le temps d’en savourer tranquillement les nombreuses subtilités. Un temps plus que nécessaire, tant ces nouvelles chansons aux mille nuances requièrent une écoute approfondie. S’il possède un charme sans doute moins immédiat que son prédécesseur,  « From Shores of Sleep » s’affirme pourtant au final comme un très grand cru. Sur ces dix compositions ciselées avec la finesse des plus grands joailliers, les hommes de l’Oregon déploient une ribambelle d’instruments. Guitare, xylophone, thérémine, accordéon, trompette, violoncelle ou synthé s’accordent ainsi avec un sens de la mesure quasi divin, pour créer une œuvre à la fois dense et aérée. Après un démarrage en douceur (« O Astoria!’, « The Lighthouse and the Hourglass »), le disque s’élève radicalement dès « The Open Sea », s’engageant dès lors sur des chemins d’une grande beauté. Souvent, ce sont de petits détails qui illuminent des constructions aux bases plutôt classiques, à l’image d’un break façon B.O. de western en plein coeur de « Castle Walls », ou d’un piano raffiné en introduction de l’ascensionnel « Cast the Brine ». Sur « The World of Silence », on croirait apercevoir, voguant au loin tel un vaisseau fantôme, les trop rares Flotation Toy Warning. Si la poésie onirique de ce nouvel effort renvoie en effet à l’univers de ces Anglais, elle évoque aussi parfois le Mercury Rev féerique de « Deserter’s Songs » . Avec son pop-folk symphonique et mélancolique, Musée Mécanique marque donc l’année d’un retour discret, mais finalement essentiel. Résonnant comme un appel à prendre le large, « From Shores of Sleep » laisse la concurrence à quai.

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