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Nouvelle Vague – Bande à Part

NOUVELLE VAGUE – Bande à Part
(Peacefrog/ Pias) [site] – acheter ce disque

NOUVELLE VAGUE - Bande à PartEncouragés par le succès du premier album, qui mariait avec audace (et bonheur) new-wave et bossa-nova, Olivier Libaux et Marc Collin remettent le couvert en gardant le même concept : réarranger des titres post punk du début des années 80, mais cette fois à la sauce caribéenne, période 1940-1970. D’où un son plus rêche (guitare sèche), mais plus varié (accordéon, steel drum, percussions diverses). Le bilan ? Il est à la fois positif et déprimant. Positif parce que sur le papier, l’exercice est terriblement excitant. Transformer des tubes new-wave en ballades reggae, forcément, ça pique la curiosité. Les Buzzcocks joués unplugged, à la coule, ça donne quoi ? New Order sans les synthés, c’est comment ? The Cramps sans le décorum de théâtre gore, ça tient la rampe ? Visage à l’accordéon, ça passe ? Les réponses sont : oui, oui, oui. Oui, même débarrassées de leurs oripeaux punk, dark-wave, new-wave et j’en passe, même relookées à la jamaïcaine version bobo, les chansons restent formidables. Et crédibles : après tout, peut-être que Pete Shelley l’aurait jouée comme ça, "Ever Fallen in Love", s’il était né à Kingston et qu’il avait fait chanter sa copine sous la varangue.
Pourtant, passé l’agréable surprise de la première écoute, l’exercice de caraïbisation finit par énerver ou par lasser. Toutes ces ambiances ensoleillées, ces guitares en tongs, ces voix féminines en bikini… On finit par se renfrogner, non pas à cause de la qualité des chansons, mais à cause de leur uniformité. C’est peut-être la limite du concept "Nouvelle Vague". A jouer toutes les chansons de la même façon (une jolie voix de fille, une guitare sèche, quelques percus caribéennes), on finit par les niveler, les aplanir, les égaliser. En somme, leur faire perdre leur mordant et, in fine, leur personnalité.
A la réflexion, il y a quelque chose d’un peu perturbant à se dire que, finalement, n’importe quelle chanson, même ultra violente et hyper subversive, peut se retrouver sur ce genre de compil’ lounge, susurrée par une jolie chanteuse, et finir en fond sonore dans les soirées branchées. La raideur des Buzzcocks, la noirceur de Bauhaus, la maladresse touchante de New Order, le néo-romantisme kitsch de Visage, envolés ! Disparus ! Nouvelle Vague plonge tout ce petit monde dans un bain chaud de mélopées languides et hop, voici nos corbeaux londoniens tout beaux et tout bronzés comme des garçons de plage brésiliens. Du coup, on ne reconnaît plus nos petits. La tension, la nervosité, l’outrance de la new-wave, bref son âme, fondent au soleil des Caraïbes. C’est ça, l’esprit bobo : rendre acceptables et branchées des idées subversives, des musiques de la marge. Blondie chez Nouvelle Vague, c’est comme Che Guevara en poster dans un appartement bourgeois. C’est décalé, c’est tendance, c’est hype, mais ça n’est que ça.
Alors comment s’en sortir ? En plongeant dans une fontaine de jouvence. Entre vous, qui connaissez vos classiques pop, et votre petite cousine, qui ne connaît pas encore New Order ou Blondie, c’est encore elle qui a le plus de chances d’apprécier cette compil’. "Bande à part" fait une bonne introduction, tout en douceur et en rondeur reggae, au monde rugueux mais autrement plus excitant de la new-wave. Quelle chance pour elle lorsque, gagnée par la curiosité, elle va retrouver la version originale de "Dance With Me" des Lords of The New Church ! Lorsqu’elle va entendre rugir les guitares trépidantes des Buzzcocks ! Elle s’apercevra alors que l’original dépasse la copie. Si "Bande à part" a un (beau) rôle à jouer, c’est bien celui-là : sortir la new-wave de son ghetto. A condition de ne pas la parquer dans un autre, le ghetto bobo.

V

Killing Moon (Echo & The Bunnymen)
Ever Fallen in Love (Buzzcocks)
Dance with Me (Lords of The New Church)
Don’t Go (Yazoo)
Dancing with Myself (Billy Idol)
Heart of Glass (Blondie)
O Pamela (The Wake)
Blue Monday (New Order)
Human Fly (The Cramps)
Bela Lugosi’s Dead (Bauhaus)
Escape Myself (The Sound)
Let Me Go (Heaven 17)
Fade to Grey (Visage)
Waves (Blancmange)

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