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Pale Sunday – Summertime ?

PALE SUNDAY – Summertime ?
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PALE SUNDAY - SummertimeAvec son digipack au visuel tartignole, sa profusion de suites d’accords entendues au moins autant de fois que la voix de Jean-Louis Murat chez Bernard Lenoir ou encore ce nom de groupe caricatural à hurler, voilà un disque qui possède a priori un profil idéal pour l’exercice du dézingage-express-par-chroniqueur-bougon. Toutefois les évidences, même conglomérées avec une telle obstination, se révélant parfois trompeuses, on se retiendra de réserver à ce premier album de Pale Sunday l’ensevelissement sous les plumes et le goudron. D’abord parce que ce groupe est Brésilien. Non que cela constitue une excuse à son extrême orthodoxie, au contraire : il y a quarante ans de cela, leurs compatriotes des Os Mutantes étaient autrement plus originaux et créatifs que, au hasard, les Hollies de Manchester. Mais disons que les imaginer, en 2005, classant leur collection de vinyles Sarah et rêvant des Modern Lovers depuis São Paulo incite d’emblée à une certaine tendresse coupable. Il y a ensuite ce grain de voix du chanteur Luiz Gustavo : traînant, subtilement voilé (on songe parfois à celui de Jim Putnam des Radar Bros), il confère une humanité troublante à ces dix vignettes pop dont l’arrière-plan sonore est, par ailleurs, d’une assommante linéarité. Mais plus généralement, il émane de ce disque un commun mélange de vraie modestie et de fausse candeur qui lui sauve la mise. A l’évidence, ces jeunes gens ne sont pas dupes et ne croient pas franchement en cette célébration d’un "summertime" idéalisé auquel ils ne peuvent s’empêcher, du reste, d’accoler un révélateur point d’interrogation. Les notes de pochette confessent que la quasi-totalité de ce disque a été écrite avec le coeur gros, et en ligne de mire, de bien douloureuses chimères. Conséquence : les titres purement power-pop ("Twiggy Superstar", "My Punk Girl") font rarement mouche et ce sont les ballades les plus simplement mélancoliques ("She’ll Never Be Mine", "Strangeways"… – vous ai-je dit qu’ils étaient fans des Smiths aussi ?) qui offrent tout le sel de cet album en forme de carte postale (27 minutes) tout à la fois jaunie, datée, et qui, pourtant, ne se laisse pas facilement décrocher du mur.

Julien Espaignet

The White Tambourine
Mary
Sunday Morning
Twiggy Superstar
My Punk Girl
Never Fall Apart
She’ll Never Be Mine
1978
A Safe Place
Strangeways

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