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Disques

Pendleton – No Dragons on these Streets

PENDLETON – No Dragons on These Streets
(Gentlemen / Acropole) – [site]

PENDLETON - No Dragons on These StreetsPar les rues sans dragons seuls les requins volent, et cela, il n’y a guère que Grégory Wicky pour ne pas s’en rendre compte, ou pour jouer si bien l’indifférence. Rictus aux lèvres, plongé dans l’introspection sous ses lunettes vintage, apparemment oublieux de ce qui l’entoure, il semble se laisser aller à la mélancolie qui imprègne les chansons de son album. Il est vrai que, par temps de requin, l’humeur ne semble pas propice aux envolées joyeuses : entre désillusions de l’amour et incertitudes de l’avenir musical, le propos se fait doux-amer, délivrant une sorte de sagesse placide et prudente, attisant les braises de l’espoir sous le charbon du quotidien. Jouant habilement des possibilités de contraste entre le son et le sens, ce nouvel opus, le second en solo après "Grounded For a Year" (en 2000), alterne chansons folk-rock racées et ballades délicates (à l’image du charmant "All the Dust in the World", tendu – comme les pointes d’une ballerine – sur un délicat entrelacs de guitare acoustique et de piano). Les morceaux plus enlevés servent les pensées les plus sombres ou incertaines ("Stories Like These"), les morceaux plus doux esquissent un portrait de l’artiste en jeune homme presque heureux ("All the Dust in the World", "Home Is Your Heart"). Nourri par la tradition folk-rock américaine (il cite volontiers Neil Young en référence), l’homme caché derrière Pendleton sait aussi faire sonner ses chansons à la Deus ("Oblivious Circle", pour la voix et la rythmique, ou la fin de "Come On, Come On" pour son dérapage psyché), éventuellement rajouter un peu de programmation électronique (dans un morceau final qui semble emmener le disque ailleurs). Ce qui est d’ailleurs étonnant chez ce Grégory Wicky, c’est cette manière de brouiller les cartes de nos mémoires musicales, en rappelant aussi bien le folk 70’s que le rock 90’s, dans une assimilation qui révèle plus une maturité musicale qu’une écriture sous influence. Mais, ces avantages ayant aussi leur revers, il se dégage parfois de ce disque tout à fait estimable un sentiment de conformisme réussi, comme si, en alignant qualité sur qualité, jouant du présent et de l’intemporel, il arrivait parfois à annuler ses effets, à rendre plus lisse que voulu un ensemble de morceaux qui gagneraient presque à être isolés les uns des autres.

David

Stories Like These
All the Dust in the World
Away From the Scene
There Will Come Another
Oblivious Circle
Home is your Heart
Come On, Come On
Ain’t Gonna Happen
This Season Knows Your Name
Teenage Mythology

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