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Rain – Dreamland Tumult Museum

RAIN – Dreamland Tumult Museum
(Cloud) [site] – acheter ce disque

RAIN - DreamlandAprès des études de langues étrangères appliquées et un cursus de musicologie, Pierre Maury (a.k.a Rain) descend à Nice et fonde courageusement le label Cloud, montant en parallèle le consortium Caravan, dont l’ambition est de regrouper des artistes autoproduits et leur donner les moyens structurels de se faire connaître en dehors des circuits traditionnels. Sept ans plus tard, c’est une dizaine de musiciens, tels que Minus Clay, Hannah ou insert:Silence, que le consortium promeut tant bien que mal, mais toujours armé d’un esprit indépendant et d’un sens de l’expérimentation qui mérite bien davantage que du respect. En effet, après les excellents "Metric for the Drops" et "Omphalos / Dactyls On Façade", déjà chroniqués dans ces pages, Rain propose de nouveau une oeuvre de grande qualité.

Le point de départ de ce disque est à chercher du côté de la passion de Pierre Maury pour l’écrivain américain William Burroughs, copain de fac, et bien au-delà, de l’immense Jack Kerouac, de Gregory Corso et du poète Allen Ginsberg, avec lesquels il se réunit dans les années quarante, pour former, de manière extrêmement spontanée, un cercle spirituel, que l’on regroupera ensuite, un peu facilement, sous l’étendard Beatnik, où régnaient en maître le désir de provocation, la poésie et la passion pour le be-bop de Charlie Parker. On entend donc à certains moments l’auteur de "The Naked Lunch" réciter quelques extraits de son oeuvre avec cette voix caverneuse et cette élocution jazzy, préfigurant le hip hop, assez proche par ailleurs de celle de Kerouac sur l’excellent "Poetry for the Beat Generation" , sur une mélodie électronique puissante et envoûtante. Des couches de claviers tendres, minimalistes répondent à de belles partitions pour cordes, auxquelles s’ajoutent mille éléments suggestifs (mélodie au clavecin, cuivres étouffés, flûte de pan pastorale) dont on ne parvient à savoir s’ils sont acoustiques ou électroniques – peu importe… On croise des sons que l’on ne veut surtout pas chercher à définir, semblant moins le fruit d’instrumentations que de productions naturelles que Maury aurait captées brutes au gré de ses promenades, comme ces accords de cristaux ou de gouttes de pluie carillonnant dans l’introduction de "The Awkward Boy", qui donnent au disque une fantastique vitalité, d’autant que le chant doux et précis a l’élégance d’un Neil Hannon et prend soin de garder le sens de la mesure.

Un des sommets du disque est "The Glass Garden" : un paysage inconstant se découvre lentement, un beat monte discrètement et la chanson se fixe en un terrible dialogue entre des synthétiseurs profonds, véritables outils poétiques, façon Air, et des guitares subtilement rageuses comme chez Roxy Music ou les premiers Bowie. Rain sait ainsi se faire plus primaire, rock, avec des compositions classieuses, tapant pile dans le mille, merveilleusement architecturées, notamment sur "Silent Scream" ou "The Law of the Abyss", possédant toujours une respiration intérieure et un sens de l’espace géré en maître. Une réussite intégrale.

Julian Flacelière

A lire également, sur Rain :
la chronique de « Omphalos / Dactyls on Façade » (2004)
la chronique de « Metric For The Drops ! » (2004)

Interzone Twilight
Silent Scream
Will We See the Dawn
The Glass Garden
The Awkward Boy
Behind the Screen
The Law of the Abyss
Black Dolls

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