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Saloon – Interview

Je crois bien que vous êtes partis pour rencontrer un succès phénoménal… Est-ce quelque chose que vous aviez prévu ?

Michael: je crois que POPnews et Saloon définissent le succès de la même manière. Si cela signifie avoir un bon retour provenant d’horizons différents, et aller jouer dans des endroits divers, alors oui – cela a toujours été notre but.
Amanda: c’est très gentil de penser cela. Mais l’on s’est habitué à ne pas placer la barre trop haute. Autant que nous l’aurions aimé, ce n’est pas quelque chose que j’avais planifié. On a travaillé très dur, et nous espérions que cela paie tôt ou tard. Mais je m’étais habitué à l’idée que cela paie plus tard que tôt… Qui sait ?

Pouvez-vous revenir sur les débuts de Saloon ? Comment vous êtes vous rencontrés ?
Michael: Oh, pour raconter ca, on aurait besoin de café très serrés…
Matt: Nous nous sommes rencontrés après de nombreuses annonces et des rencontres, avec un désir mutuel de changer l’apparence de la scène musicale locale et lui donner un bon coup de pied au cul.
Alison: je jouais avec un autre groupe quand Adam m’a demandé de les rejoindre. J’aimais beaucoup leurs chansons, et j’ai quitté l’autre groupe. Je ne suis pas sûre de la manière dont nous nous sommes rencontrés, mais nous étions de la même ville, donc leurs visages m’étaient déjà familiers.

Vos premiers singles sont sortis en 1998. Il vous a fallu quatre ans pour sortir un album, qu’est-ce qui vous a pris autant de temps ? Est-il difficile de sortir un premier album ?
Michael: c’est le seul premier album que nous ferons jamais, donc pour savoir si c’est difficile, nous n’avons pas vraiment de moyen de comparer. Nous sommes conscients que d’autres groupes ont plus de facilité, mais ils font cela à plein temps et disposent de labels plus importants. Faire tout tout seul signifie que personne ne risque de vous jeter, alors nous sommes nos propres directeurs créatifs. Cela semble avoir pris beaucoup de temps, mais en fait nous avons travaillé incroyablement rapidement, nous n’avons jamais perdu de temps, mais en restant indépendant on est contraint à travailler à côté pour gagner de l’argent.
Adam: en tant que groupe, musicalement, on a constamment évolué. On a eu besoin de prendre un peu de recul pour savoir où nous en étions à un certain moment pour éviter de nous perdre. Peut-être nous n’étions pas prêts financièrement, ou même émotionnellement, mais c’était quelque chose que l’on devait faire. Il n’y avait pas d’autre choix : faire un album ou perdre les qualités que nous possédions comme groupe à ce moment-là. En fait, j’en arrive presque à regretter que nous n’ayons pas sorti un disque dès que nous avons commencé. Au départ, nous avions une sorte de naïveté charmante dont nous nous sommes rapidement débarrassés à partir du moment où ce truc ne pouvait être correctement sorti. C’est ce genre de qualité qu’une combinaison de cinq personnes ne sera jamais capable d’obtenir à nouveau, sans doute une bonne chose. N’est-ce pas ?

Sortirez-vous un jour une compilation de tous ces singles un jour ?
Michael: ce serait bien.
Amanda: j’aimerais bien, mais ce n’est pas dans les projets à court terme.
Adam: si la demande existe alors on le fera. Peut-être après le deuxième album, qui sera sans doute un triple LP. Ca m’embête que l’on ne réussisse pas à mettre la main sur nos sorties. A quoi ça sert qu’on fasse des disques si c’est pour que personne ne puisse les écouter ?
Alison: un bon nombre de personnes sont venues nous demander pour les anciens singles en tournée… La demande est là. J’aime bien l’idée de premiers singles sous forme de compilations d’EP. Sans ce type de compilation la majorité du public n’aurait jamais entendu les premiers Beta Band ou les premiers Clinic. Et je doute que ses groupes aient eu autant de succès sans les sortir.

Qu’advient-il de Belmondo Production ? Est-ce que Jean-Paul est au courant de son existence ?
Michael: la compilation de singles, un EP spécial pour les tournées ou un projet de remixes pourrait être la prochaine sortie de Belmondo. Je ne sais si Jean-Paul Belmondo est au courant, nous l’avons invité a faire le discours d’ouverture de notre dîner dansant annuel, mais il n’est pas venu. Vous ne pourriez pas lui en toucher un mot la prochaine fois que vous le voyez ?
Adam: si nous avions le temps et l’argent, on aimerait faire fonctionner Belmondo comme un vrai label. Puis on ouvrirait un club, une galerie d’art, un magasin de chaussures… J’adorerais confectionner des chaussures qui iraient bien à Jean-Paul !
Alison: hey ! Je croyais qu’Amanda et moi serions en charge du département « chaussures » ?!

Lorsqu’on écoute votre album, on a l’impression que tous les éléments de la musique (voix, batterie, guitares, violons, synthés…) contribuent de façon égale au résultat final. Une harmonie parfaite en d’autres termes. Comment faites-vous pour écrire vos chansons ? Est-ce un procédé démocratique ?
Michael: absolument. Mais la démocratie a ses propres défis, tout le monde voudrait une dictature décente de temps à autres.
Adam: il n’y a pas de formule pour écrire des chansons. Parfois, quelqu’un apporte une chanson virtuellement terminée, d’autre fois on part de rien. Tout ce que l’on fait doit obtenir l’approbation des cinq membres du groupe avant que nous le jouions en concert, ou que nous l’enregistrions. Etre dans ce groupe m’a fait réaliser combien il est difficile d’être démocratique à 100 %. Écrire une chanson est la meilleure partie, en fait c’est la partie que je préfère dans la vie du groupe. Tout le reste n’est que de… l’ennui.

On trouve une chanson en français sur l’album. Comment un groupe anglais en vient-il à enregistrer une chanson en français ?
Amanda: l’idée de vouloir un son européen plutôt que britannique est apparu dès le début de notre carrière. C’était une sorte de réaction à la Britpop qui était une scène vraiment nombriliste. Et puis aussi il y avait une certaine volonté d’avoir plus d’ambition, d’aspiration que toute cette scène de l’époque qui en manquait complètement. Mon père est Espagnol, alors c’était un choix évident pour moi de chanter en espagnol. Chanter en français était une progression naturelle. Nous essayons de casser l’idée pré-établie qui voudrait que les Anglais ne sont pas intéressés par les autres langues et les autres cultures, et pour que notre public sache que nous faisons un effort.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus à propos des paroles de « Girls are the new boys » ? Pensez-vous que les garçons (tels que nous les connaissons) vont disparaître ?
Amanda: les paroles du refrain répondent à peu près à cette question : « So this is the new world / Just like the other world. » Cela résume bien. C’est une tentative d’humour, de cynisme. Je ne crois pas que les filles seront un jour égales aux garçons. Bien que les choses aient véritablement changé, l’industrie de la musique reste extrêmement sexiste, je l’ai appris à mes dépends en essayant de rentrer dans le monde « masculin » de la production. C’est pourquoi nous essayons de faire des choses différentes avec Saloon, lorsque les filles font de leur mieux dans des domaines soi-disant pour les garçons, comme de la mécanique, et les garçons les observent, assis à côté, s’occupant de leurs cheveux ! Mais plus sérieusement, il est difficile d’émettre une opinion affirmative, c’est au public de décider et d’agir en conséquence. Et sur le fait que les garçons vont disparaître, difficile à dire. Je pense que les hommes luttent aujourd’hui avec ce qui est attendu d’eux. Je crois que ce que les femmes souhaitent d’eux les rend encore plus confus. Mais je ne pense pas que cela soit purement représentatif des hommes… Tout le monde n’est-il pas un peu confus ces derniers temps ?
Alison: j’espère que les garçons ne disparaîtront pas, ce serait vraiment triste. Mais je me souviens très bien être allée à des concerts des Riot Grrrl à Newcastle où la musique, pour une fois, n’était pas uniquement masculine. J’avais seulement 15 ou 16 ans à ce moment-là, et me rendre à ces concerts était un moment important de ma vie qui a changé ma vision de la musique. Aller voir des groupes à guitares de l’époque était parfois une expérience désagréable, car on se faisait pousser par de sales types et on ne pouvait pas apprécier la musique. Ca me gonflait vraiment. Aller voir Huggy Bear pour la première fois c’était cool… des filles étaient là parce qu’elles y croyaient et pas seulement parce que leurs petits amis les y avaient emmenées. Elles organisaient les concerts, et établissaient les règles, alors il n’y avait que des filles qui dansaient devant la scène, pas de bousculade. On vendait aussi des fanzines, on encourageait les autres filles à faire de la musique. Les filles avaient un contrôle total de ces évènements. Tant de filles ont pris la décision de faire partie d’un groupe depuis !

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