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Sister Vanilla – Interview

SISTER VANILLA – Interview

Dans la famille Reid, je voudrais… la sœur. On connaissait déjà Jim et William, responsables avec les Jesus and Mary Chain d’un fracassant « retour du rock » à une époque où Strokes et White Stripes étaient encore à la maternelle, et qu’on annonce cette année au mégafestival Coachella. Voici désormais la cadette, Linda, alias Sister Vanilla. Un pseudo qui est autant un nom de groupe, puisque l’album « Little Pop Rock », enfin dans les bacs de la vieille Europe grâce à l’excellent label écossais Chemikal Underground, a été enregistré et produit par la fratrie d’East Kilbride au complet, augmentée de Ben Lurie, l’un des nombreux ex-membres des JAMC (sur scène, la formation est totalement différente, sauf pour la chanteuse évidemment).

Sister Vanilla


On rencontre Linda Reid dans les locaux de Pias, son label français. Flanquée de son compagnon, James (d’allure sympathique, mais qui ne lâchera pas plus de trois phrases, pour dire qu’il déteste les Kooks), cette lectrice d’Irvine Welsh (l’auteur de « Trainspotting », natif d’Edimbourg), à l’accent écossais à couper au couteau, répond avec application aux questions, visiblement aussi peu extravertie que ses frangins. La glace se brisera peu à peu, Linda prenant sans doute conscience que nous ne sommes pas là en service commandé, et que nous avons vraiment aimé « Little Pop Rock ». Un album qui ne prétend certes pas révolutionner la musique, mais qui séduit justement par son côté modeste, cool et un peu bancal, ses mélodies sucrées juste ce qu’il faut, sa fraîcheur revigorante malgré l’âge avancé de ses auteurs et interprètes. Et quand nous lui dirons qu’il s’inscrit pour nous dans la glorieuse tradition de l’indie rock écossais, héritier de tous ces groupes qu’elle a visiblement beaucoup écoutés (ce que confirmera quelques jours plus tard un Top 10 qu’elle nous enverra par mail), nous aurons l’impression que nous aurions difficilement pu lui faire davantage plaisir.

Le premier album de Sister Vanilla ne sort que maintenant, mais je crois que la genèse du groupe remonte à quelques années.
Oui, plus de dix ans. A l’époque de l’album « Stoned and Dethroned » des Jesus and Mary Chain, mes frères m’ont demandé si je voulais chanter sur la face B d’un single. J’ai dit oui et nous avons travaillé pendant quelques mois sur le morceau. Finalement, la chanson est devenue « Mo Tucker » et s’est retrouvée sur « Munki », leur dernier album. Jim et William m’ont alors proposé de faire un album complet sous le nom de Sister Vanilla. Ils avaient des chansons dont ils pensaient qu’elles pourraient me convenir. Tout est donc parti de là. A l’origine, nous pensions écrire et enregistrer en deux semaines. Finalement, ça ne s’est pas passé comme ça et il nous a fallu pas loin de dix ans…

L’album est sorti au Japon en 2005. Pourquoi n’arrive-t-il qu’aujourd’hui en Europe ?
En fait, il ne s’agit pas tout à fait du même disque. Nous n’étions pas très satisfaits de la version sortie au Japon, elle nous semblait bâclée. On nous avait dit du bien du label PVine, et nous nous sommes dépêchés de finir le disque pour qu’ils puissent le sortir. Mais il ne s’est pas très bien vendu là-bas. C’était décevant et un peu surprenant, car nous pensions que les Japonais s’intéressaient particulièrement à ce genre de musique. En tout cas, la version qui va paraître en Europe est nettement mieux produite.

Vous sortez l’album sur Chemikal Underground, un label indépendant. Tes frères en avaient assez des majors ?
Non, pas spécialement. C’est juste que l’un de nos amis, Stephen Pastel, nous a conseillé de travailler avec Chemikal Underground, en nous disant que c’étaient des gens bien et qu’ils aimaient beaucoup le disque. Ça nous semblait donc logique de le sortir chez eux, plutôt que sur une maison de disques qui aurait été seulement attirée par l’étiquette « Jesus and Mary Chain », sans s’intéresser beaucoup au contenu. Quant au fait de se retrouver sur un label écossais, c’est plutôt le hasard. Mais c’est une bonne chose, et puis j’aime beaucoup les groupes que Chemikal Underground a signés.

« Little Pop Rock » commence par un morceau acoustique, folk, très doux. Faut-il y voir une volonté de se démarquer du son des JAMC, d’affirmer une différence ?
Oui, en quelque sorte. En même temps, ça ne me dérange pas que les gens voient Sister Vanilla comme les Mary Chain avec une chanteuse, même si j’ai aussi écrit des textes. Et dans le son, la plupart des morceaux de l’album restent proches de ce que faisaient mes frères avant, assurément.

On sent en écoutant le disque que vous l’avez enregistré sans aucune pression, que vous y avez pris du plaisir.
C’est vrai. Cependant, ça a été long et nous n’avons pas vraiment travaillé ensemble, plutôt chacun de son côté. Peut-être le disque sonnerait-il différemment si on l’avait vraiment enregistré comme un groupe, en peu de temps, mais les circonstances ne l’ont pas permis. On a donc avancé à notre rythme, en réenregistrant au fur et à mesure certaines parties qui ne collaient plus trop ensemble. A la base, il s’agit essentiellement de home recordings, réalisés chez Jim à Londres et chez William à Los Angeles, c’était assez dispersé. Nous avons aussi pu travailler dans leur propre studio, le Drugstore à Londres, ce qui était très agréable. C’est sûr que si nous étions allés à Abbey Road, le son serait moins brut, plus clair, plus brillant. Mais nous ne pouvions pas trop faire autrement, et je suis plutôt satisfaite du résultat final.

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