Loading...
Disques

Smog – A River Ain’t Too Much To Love

SMOG – A River Ain’t Too Much To Love
(Domino / Pias) – acheter ce disque

SMOG - A River Ain't Too Much To LoveAvant d’écrire que cet album est une déception, il convient de mesurer la valeur accordée en l’occurrence à ce mot. Après "Supper", quel disque pouvait simplement s’annoncer comme le successeur à la hauteur ? Quelle chanson pouvait atteindre les sommets caressés par la guitare idéale de "Our Anniversary" ? Il faut le temps nécessaire pour que "A River Ain’t Too Much to Love" apporte sa propre réponse. Mais il parvient à le faire. Et cette réponse s’avère excellente.
On peut le répéter, ce disque est d’emblée moins séduisant que ne l’était "Supper". Plus épuré, plus introspectif, il n’a pas l’évidence des arrangements alt-country sur lesquels reposait ce dernier. Bill Callahan chante seul le long des dix morceaux et la formule minimaliste de l’instrumentation peut déconcerter de prime abord, réveillant éventuellement le souvenir lointain des austères travaux du début de sa carrière. Mais les chansons sont bel et bien là cette fois, et ce n’est sans doute qu’après un délai d’acclimatation raisonnable que le disque se révèle tout à fait, de même que le bon vin met plus de temps à enivrer, mais finit néanmoins par y parvenir, à force d’application. "Say Valley Maker" est sans doute le premier morceau à attirer l’attention. Avec ses paroles magnifiques, son final jaillissant du fin fond d’une énergie poétique aussi rare que puissante, ce titre s’impose comme la chanson qui n’est plus à écrire. Et tous les songwriters peuvent pleurer de ne plus avoir cette chance. A plus grande échelle, la robe de l’album entier permet à qui l’écoute de goûter à foison ce qui fait probablement le principal arôme de la musique de Smog. C’est la voix de Bill Callahan, grave comme elle ne l’a jamais été, qui, dès la première minute du disque, se pose majestueusement sur les quelques notes de guitare pincée et introduit en beauté les cinquante minutes à venir. Elle reste tout du long le grand protagoniste de l’album, qu’elle plonge au plus profond d’une paisible noirceur comme sur "Rock Bottom Riser" ou qu’elle s’autorise quelques instants de légèreté assumée avec "The Well". Soulagées à l’extrême de tout superflu (certes, il n’y en a jamais eu beaucoup chez Smog), les chansons en sont réduites à faire le meilleur accueil possible, tout en retenue acoustique le plus souvent, au timbre impressionnant du toujours radical Callahan. A plusieurs reprises, cette alchimie d’apparence simpliste se montre étonnamment efficace et l’on se plaît à la savourer encore et encore. Loin d’avoir la fadeur (relative) qu’on croyait pouvoir craindre initialement, "A River Ain’t too Much to Love" se révèle alors un excellent cru, dont le seul véritable effet secondaire s’avère être la dépendance la plus irrépressible.

Jean-Charles Dufeu

Palimpsest
Say Valley Maker
The Well
Rock Bottom Riser
I Feel Like the Mother of the World
In the Pines
Drinking at the Dam
Running the Loping
I’m New Here
Let Me See the Colts

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *