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The Gist – Embrace the Herd

THE GIST – Embrace The Herd
(CherryRed Records) [site] – acheter ce disque

THE GIST - Embrace The HerdLa discographie de Stuart Moxham est pour le moins paradoxale : alors que son nouvel album "The Huddle House", s’il était sorti vingt-cinq ans plus tôt, aurait naturellement trouvé sa place entre "Eden" de Everything But The Girl et "My Ever Changing Moods" des Style Council, son premier essai solo, lui, sorti sous le nom The Gist en 1982, sonne à s’y méprendre comme un classique des années 2000. Le successeur de "Colossal Youth" des Young Marble Giants reste aujourd’hui surtout célèbre pour la reprise de "Love at First Sight" qu’en fit Étienne Daho. Devenue "Paris le Flore", cette version prit quasi valeur d’originale, à tel point que Moxham lui-même s’inclina en reprenant la reprise de sa propre chanson sur la compilation "Comme un seul homme".
Vingt-cinq ans plus tard, l’unique album (fraîchement réédité) de The Gist se révèle pourtant plus que jamais être une pièce de puzzle essentielle du paysage pop moderne. Influencé à la fois par Brian Eno et le dub, Kraftwerk et l’easy-listening, en flirtant même avec le reggae, Moxham a créé là un petit chef-d’œuvre d’ambient pop, certes plus intransigeant et moins efficace que "Colossal Youth", mais qui porte admirablement son titre de Gist : la quintessence. Pour la première fois – et ce n’est pas rien de le souligner – Stuart Moxham chante – et chante même très bien. Frustré de s’être fait voler le micro (et la gloire) par Allison Statton, il se rattrape ici avec des titres aussi jouissifs que "Iambic Pentameter", "The Long Run", le fameux "Love at First Sight", mais surtout "Carnival Headache", avec son marmonnement nonchalant et sexuel, où se devinent déjà tous les Beck et Alex Kapranos en devenir. Moxham, pourtant, ne se la joue pas cow-boy solitaire. Un chœur féminin plane d’un bout à l’autre du disque, telles des sirènes passant de l’avant à l’arrière-plan dans un flou tourbillonnant qui n’est pas sans rappeler les Marine Girls, que Moxham produisait à la même époque. Faux album solo, donc, mais aussi faux album pop : sous prétexte qu’il n’avait soi disant rien à dire, Moxham, sur plus de la moitié des morceaux… se tait. Le silence (ou plutôt le mutisme) s’invite par surprise comme la troisième voix de l’album, en installant un équilibre presque alchimique entre instrumentaux et chansons. Tel le coup de foudre chanté sur "Love at First Sight", The Gist peut se résumer à un magnifique oxymore, à la fois tranchant et délicat, doux et psychédélique, mais qui ne pouvait déboucher que sur une voie de garage.

Christophe Patris

A lire également :
Réédition de "Colossal Youth" des Young Marble Giants

Far Concern
Love at First Sight
Fretting Away
Public Girls
Clean Bridges
Simian
Embrace the Herd
Iambic Pentameter
Carnival Headache
Concrete Slopes
The Long Run
Dark Shots
Problem Attics
Light Aircraft
Love at First Sight
Four Minute Warning

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