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Wire – Interview

WIRE

Groupe catalogué (à juste titre) intello punk, Wire était récemment en tournée en France pour défendre le très réussi "Object 47". Nous ne pouvions pas laisser passer l’occasion d’interviewer, lors de leur passage à Paris, l’un
des groupes les plus aventureux et essentiels de ces trente dernières années. Nous retrouvons donc un Colin Newman espiègle à l’esprit bouillonnant et un Graham Lewis plus posé et d’une élégance à faire passer les fashion victims de Franz Ferdinand pour des épouvantails. Après avoir chaleureusement trinqué (à la Badoit, intellos punks on vous a dit !), nous voilà partis pour une longue et chaleureuse discussion à évoquer le présent et le passé d’un groupe qui a toujours eu trois longueurs d’avance sur tout le monde.

Wire, par Julien Bourgeois pour POPnews

Comment avez-vous rencontré Page Hamilton, ex-Helmet qui a participé à l’album "Object 47" ?
Colin Newman : Ça remonte à l’époque où il jouait dans Band Of Susans. Le groupe faisait nos premières parties lors d’une tournée américaine à la fin des années 80. Il était alors un jeune type complètement fou et il nous a bien plu. Bruce Gilbert (guitariste originel de Wire qui a désormais quitté le groupe, ndlr) est un guitariste extraordinaire mais Page, lui, semble venir d’une autre planète. Et puis c’est un type intelligent, on se sent donc proches de lui (rires).

Graham Lewis : A l’époque il était quarterback et moi demi de mêlée, cette tournée était en plus une sorte d’échange culturel.

Pourquoi ne pas lui avoir proposé de remplacer Bruce Gilbert ?
Colin : Nous ne lui avons jamais demandé. On ne peut jamais remplacer quelqu’un. Wire reste maintenant l’affaire de trois personnes. Nous lui avons proposé de jouer en concert avec nous. Il était emballé par l’idée, mais il vit à Los Angeles et c’était un peu compliqué à mettre en place. Au fond de lui, il en meurt d’envie mais ce n’est pas réalisable pour le moment.

Graham : Page est un grand fan de Wire. Nous l’avions revu en 2002 lors d’un concert qu’on donnait à New York, à cette époque il jouait pour David Bowie et ils étaient venus nous voir jouer. Quand nous avons eu besoin de quelqu’un pour remplacer Bruce sur scène nous avons fait une liste, très courte, et il en faisait partie. Nous ne cherchions pas seulement quelqu’un qui joue les parties de guitares de Bruce, mais qui puisse aussi apporter sa touche. Finalement, c’est Margaret Fiedler du groupe Laika qui nous a rejoints.

Pensez vous qu’un jour Bruce revienne dans le groupe ?
Graham : Nous n’en avons aucune idée, il faudrait lui poser la question.

Colin : Cela a été une période difficile, pour lui comme pour nous.

Graham : Il nous est d’autant plus difficile de dire s’il reviendra que nous ne connaissons pas les raisons de son départ. Il y a eu beaucoup de problèmes liés à notre manager, que nous avons d’ailleurs viré depuis, et qui sont sûrement à l’origine de cette décision.

En 1990, vous avez sorti un album sous le nom de Wir car Robert Gray, le batteur, n’y avait pas participé.
Pourquoi ne pas avoir réutilisé ce principe pour "Object 47", en vous rebaptisant "Ire" ou "Wie" cette fois-ci ?

Graham : Tout simplement parce que nous l’avons déjà fait une fois. C’était une bonne idée même si beaucoup de gens ont dû trouver ça prétentieux. Ça l’était probablement !

Colin : En fait, c’est que nous sommes Wire, quand on est devenus Wir les gens nous appelaient toujours Wire ! A nos débuts il y a trente ans, c’était l’étiquette qu’on nous collait qui importait, pas le nom. Maintenant, nous avons un nom suffisamment connu qui nous a permis d’être là où nous sommes aujourd’hui et de faire ce que nous souhaitons en tant qu’artistes. En changer aujourd’hui serait un suicide.

Les paroles de vos chansons sont souvent abstraites, pas immédiates. Y a-t-il un thème particulier pour "Object 47" ?
Graham : Abstraites ? Non ! Donne un exemple.

Dans certaines de vos chansons, en particulier sur vos premiers albums, les paroles sont très courtes, les mots semblent choisis autant pour leur sens que pour leur sonorité, avec souvent plusieurs interprétations possibles.
Colin : C’est de la poésie. On essaie de dire plus d’une chose à la fois. Le cliché rock, style "I love you baby" ou "Foutons en l’air le système", ne nous a jamais intéressés, en fait on trouve ça assez grossier. C’est notre mode d’expression, certains sont plus directs que d’autres. D’ailleurs Graham écrit de manière elliptique, parle même de manière elliptique ! (rire général). C’est une question de mode d’expression : certaines choses sont directes, d’autres le sont moins.

Graham : Ce que j’aime faire, c’est décrire les choses avec un point de vue inattendu. Par exemple, si tu décris de la viande dans une assiette, cela peut paraître abstrait car les gens n’ont pas l’habitude de regarder la viande en tant que telle, ils voient de la nourriture. (A ce moment-là, un bruit de vaisselle venu des cuisines de la Maroquinerie couvre presque la conversation.) Le résultat est souvent perçu comme abstrait, mais je pense que c’est une interprétation erronée. C’est juste une façon spécifique de porter un regard sur les choses. Il y a beaucoup de questions sur cet album. En ce moment, il est plus important de poser des questions que d’apporter certaines réponses.

Wire, par Julien Bourgeois pour POPnews

L’artwork de la pochette d’"Object 47" a été confié à Jon Wozencroft (photographe, graphiste et patron du
label Touch). Comment s’est faite cette rencontre ?

Graham : En fait Jon s’est chargé du graphisme, la photo est de moi.

Colin : Nous avons longtemps travaillé avec David Coppenhall, nous aimons beaucoup son travail, aussi lui avons-nous demandé de travailler sur l’album mais il a tellement de projets en cours que ça n’a pas pu se faire. Nous travaillons uniquement avec des gens que nous connaissons.

Graham : Je connais Jon depuis 1979, bien avant qu’il ne crée son label Touch.

Colin : Il a beaucoup travaillé avec moi pour mon label Swim Records. Son style très particulier fait que les gens s’imaginent que c’est des disques de chez Touch ! C’est pour ça que la finition de la pochette d’"Object 47" est sur papier glacé (contrairement aux pochettes Touch au papier très mat), pour lui donner un côté "unTouch" !

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