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Califone – All my Friends are Funeral Singers

CALIFONE – All My Friends Are Funeral Singers
(Dead Oceans / Differ-ant) [site] – acheter ce disque

CALIFONE - All My Friends Are Funeral SingersDu bouillonnant magma sonore qu’est la musique de Califone, jaillissent de temps à autre quelques roches incandescentes ; dans l’accomplissement des morceaux, celles-ci se changent parfois en comètes. Et ces quelques titres seuls suffiraient amplement à sortir un auditeur prétendument mélomane d’une torpeur désabusée où il pourrait s’être momentanément enlisé. Ils lui fourniraient également de suffisants motifs pour aller fouiller dans la pléthorique discographie du groupe à la recherche de pépites pareillement brûlantes, si toutefois celles-ci lui avaient jusqu’alors échappé. Et bien entendu, ils lui fourniraient une excuse valable pour réécouter quotidiennement "All my Friends Are Funeral Singers", dénigrant au besoin les disques possiblement dignes d’intérêt qui pourraient croiser sa route, en ces jours consacrés.

Malheureusement, les comètes, par définition, ne sont pas si fréquentes, même sur un très bon album. Dans l’étendue qui en compose le reste, on surnage plus qu’on ne pénètre. On observe avec un peu de distance. Ce qui n’est d’ailleurs pas si absurde pour un album qui se veut la bande-son d’un film, réalisé par Tim Rutili, songwriter en chef derrière Califone. Surtout si ce film a pour intrigant synopsis l’histoire d’une femme vivant seule dans les bois, à l’intérieur d’une maison hantée dont elle cherche à débarrasser les fantômes qui y ont élu domicile, après une longue période de colocation sans histoires (ce qui est rare en soi). Fort logiquement, le fond sonore d’un pareil objet peut difficilement s’envisager comme un disque de pop aux contours bien définis. S’il y a pop, elle est décharnée ; s’il y a folk, il est illuminé ; s’il y a psychédélisme, il est terrien et cru. Accessible à plusieurs niveaux d’écoute (dans un premier temps, on appréciera la musique pour elle-même, en dehors du projet cinématographique auquel elle est liée), cette nouvelle éruption du groupe de Chicago, qui, espérons-le, n’est pas prêt de s’essouffler, échappe une nouvelle fois autant aux tentatives de description qu’aux tentations descriptives. Et ce, malgré les airs de familiarité caressante qui s’en dégagent par instants. On écoute le disque, on en saisit les éclats, on glisse sur le reste, on réécoute… Jusqu’à ne plus bien savoir où on voulait que la musique nous mène d’abord : la chaleur du foyer ou l’étrangeté d’un monde inconnu ? Logique après tout. Un groupe de fantômes, jouant au fin fond des bois, ça doit susciter à peu près ce genre d’émotions.

Jean-Charles Dufeu

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A lire également, sur Califone :
la chronique de « Quicksand / Cradlesnakes » (2003)

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