Loading...
Disques

David Viner – Mr. David Viner

DAVID VINER – Mr. David Viner
(Dim Mak / In The Act)

DAVID VINER - Mr. David VinerLe plus bel album de blues entendu cette année s’appelle "Mr. David Viner" du nom de son auteur, par ailleurs roadie des Von Bondies et des Soledad Brothers, groupes venus lui prêter main forte à l’harmonica, aux claviers, percussions et guitares. Ce n’est donc pas un hasard si l’album sort sur In The Act, le label de Jason Stollsteimer, figure de proue des Von Bondies, en co-production avec Dim Mak première écurie des Kills. Un entourage tout ce qu’il y a de plus hype donc.

Mais si les groupes précités ont plutôt opté pour des guitares gourmandes en décibels, David Viner, anglais d’origine, réinvente lui le blues rural, acoustique et humble, le gorge de mélodies crève-cœur. "Nobody’s Fault" qui ouvre ce premier album, traduit ce que ce disque contient de plus attachant : une guitare demi-caisse cristalline jouée en arpèges ragtime, un chant esseulé, des thèmes mélodiques simples et liturgiques, une production intemporelle et organique (l’époque où l’on entendait John L. Hooker battre la mesure avec son pied n’est plus si lointaine). Cela suffit à construire un morceau aussi addictif que n’importe quel tube électro, une saudade blues comme seul les disques de Mississippi John Hurt ou de Skip James en contiennent. A l’instar de ces bluesmen chez qui le désespoir n’est jamais très éloigné d’une violente pulsion de vie, David Viner compose aussi une musique éminemment vivante et joyeuse qui oscille ainsi entre blues électriquement rugueux échappés de la fratrie Fat Possum, ragtime lent, flâneries instrumentales cherchant leur place sur la BO de Mistery Train et les ballades minimalistes d’Elvis. Dans ce mélange, il y a finalement beaucoup d’accointances avec le "Blonde On Blonde" de Dylan ou le "Viva Last Blues" des Palace Brothers, autres disques pétris d’héritage musical ancestral et néanmoins de modernité.

Car finalement tout le talent de Mr David Viner est d’échapper à l’exercice de style, à l’hommage trop respectueux au Blues du Delta (même si un morceau est dédicacé à John Fahey, musicien et musicologue de la musique du Mississippi). Si nos oreilles étaient douées d’odorat elles ne sentiraient aucunement la naphtaline émaner de cet album. Viner parvient, par je-ne-sais quel miracle, à un mélange assez inédit de musique indie et de blues traditionnel. Plus respectueux que les White Stripes et plus éclectique qu’un RL Burnside, il ouvre une brèche, un style qui n’appartient finalement qu’à lui. Après le retour du rock à guitares, David Viner annoncerait-il le retour du blues ? Espérons que non, tant ce disque se déguste comme le trésor le mieux caché du rock indépendant. Ou serai-ce plutôt le trésor le mieux caché du blues ? Peu importe il s’agit d’un classique.
 
monsieur Morel

Nobody’s fault
Birdnest
Corina, Corina
Ode to John Fahey
Sally Jay
Another Man
Monkey Rag
Don’t do that
Hobo blues
Beer Belly
Cee-saw
Trouble In Mind

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *