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Dead Can Dance – Wake

DEAD CAN DANCE – Wake
(4AD/Beggars Banquet France/Naïve) – acheter ce disque

DEAD CAN DANCE - WakeNaguère défricheur, découvreur de groupes originaux et novateurs, 4AD semble aujourd’hui en demi-sommeil. Le label publie encore de temps à autre des disques remarquables (récemment, le "Tallahassee" des Mountain Goats), mais l’heure est plutôt à l’exploitation du back-catalogue sous forme de best-of. Si ce type de compilation a son utilité dans le cas d’un groupe comme Colourbox (essentiellement auteur de singles et maxis, aujourd’hui introuvables) ou Lush (un résumé de leur oeuvre suffit amplement), la démarche apparaît nettement plus discutable avec Dead Can Dance. Certes, la ration est généreuse – près de 2 h 15 de musique sur deux CD – et tous les grands morceaux du duo sont là (à l’exception d’"Ullyses" et de "Fortune Presents Gifts…"). Mais on perd ce qui fait la force de chacun des albums du groupe : une cohérence interne plus ou moins évidente, l’impression d’être à chaque fois convié à un voyage dans le temps et l’espace. Là, on prend les raccourcis.

Le principal intérêt de ce double CD, outre de belles photos de paysages, une courte biographie du groupe et les textes de Brendan Perry (quand c’est Lisa Gerrard qui chante, c’est du yaourt), c’est finalement qu’il permet d’apprécier l’évolution de l’oeuvre… et de dissiper quelques malentendus. Les morceaux des débuts (assez sous-représentés ici) montrent ainsi que DCD n’a jamais été à proprement parler un groupe gothique. En sortant leur premier album en 1984, après quatre ans de galères, ils avait d’ailleurs échappé à la vague. Si, sur la démo de "Frontier" (81) ou "In Power We Entrust…" (84), le son se rattache encore à la cold wave, cela est sans doute dû davantage aux limites de la production et de l’instrumentation qu’à une volonté consciente de s’inscrire dans un mouvement bien défini. En admettant que Dead Can Dance ait retenu quelque chose du courant "goth", c’est moins la noirceur forcée que le sens de l’atmosphère, du mystère, et le goût de l’expérimentation.

En recourant de plus en plus à des instruments classiques et anciens (cuivres, cordes et percussions), en allant chercher l’inspiration dans des musiques d’ailleurs et d’autres temps, Perry et Gerrard vont mettre peu à peu au point leur propre alchimie, absolument unique et atemporelle. Ces passionnantes recherches trouveront leur aboutissement avec l’album "Aion" (90), où se fondent dans une pure extase sonore passé (une saltarelle, la poésie de Gongora) et modernité (boucles et sons ambiants). Le duo creusera encore ce sillon sur ses derniers disques, explorant les folklores européens et la complexité rythmique des musiques africaines et sud-américaines, tout en s’essayant avec réussite à une écriture plus classique (les somptueux "The Ubiquitous Mr. Lovegrove" et "The Carnival Is Over", préfigurant l’album solo longtemps repoussé de Brendan Perry, "Eye of the Hunter"). Quand le groupe mettra un terme à son aventure, au milieu des années 90, sa renommée aura largement dépassé les cercles des fans de rock indépendant ou des amateurs de musiques nouvelles. La musique de Dead Can Dance sera devenue un style en soi, toujours changeant et pourtant immédiatement reconnaissable. Peu de créateurs peuvent se prévaloir d’un tel legs.

Vincent

Frontier (demo)
Anywhere out of the world
Enigma of the absolute
Carnival of light
In power we entrust the love advocated
Summoning of the muse
Windfall
In the kingdom of the blind the one-eyed are kings
The host of Seraphim
Bird
Cantara
Severance
Saltarello
Black sun
Yulunga
The carnival is over
The lotus eaters
Rakim
The ubiquitous mr. Lovegrove
Sanvean
Song of the Nile
The spider’s stratagem
I can see now
American dreaming
Nierika
How fortunate the man with none

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