Successeur de l’inégal « Codes & Keys » (2011), ce huitième album a forcément une saveur particulière pour Ben Gibbard, le leader de Death Cab For Cutie. Son fidèle guitariste Chris Walla, membre fondateur et architecte de longue date du son death cab, a en effet quitté le navire à l’été 2014, participant toutefois à la conception de « Kintsugi » avant de s’éclipser pour de bon.
Façonné par Rich Costey (Franz Ferdinand, Bloc Party…), ce disque doublement placé sous le signe de la rupture (il arrive également après un divorce très médiatisé entre Gibbard et l’actrice Zooey Deschanel) n’apporte pourtant pas de changement significatif dans l’univers du groupe. Death Cab For Cutie fait de l’indie-rock calibré pour les stades, et il le fait toujours aussi bien. Ce nouvel opus assure donc sa traditionnelle récolte de hits mélancoliques, de l’épique « Black Sun » à un « El Dorado » tendance electro-pop qui, derrière ses accords 80’s, rappelle les prouesses de The Postal Service. En plein coeur de l’album, Ben Gibbard fait le choix de se mettre à nu : avec une guitare acoustique pour seule équipière, le chanteur porte « Hold No Guns » vers des sommets d’intensité.
La suite nous dira si le groupe parviendra à surmonter la perte de l’un de ses murs porteurs, à tourner sans trop de dégâts la page Chris Walla. En attendant, sans égaler le niveau des indispensables « Transatlanticism » (2003) ou « Plans » (2005), « Kintsugi » permet à Death Cab For Cutie de conserver son rang, toujours en équilibre entre crédibilité indie et tentations mainstream.