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Disques

Jean-Louis Murat – Morituri

Jean-Louis Murat - Morituri

Tel un marronnier, Murat revient tous les ans, deux ans grand maximum, avec un nouvel album. Après le très convaincant double album « Babel », c’est avec « Morituri », mot latin signifiant « ceux qui vont mourir » qu’il vient nous rendre visite. Sur la pochette du disque deux cygnes blancs nagent dans des eaux profondes et noires, rappelant le déjà trentenaire « Among My Swan » de Mazzy Star mais qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. 

C’est donc « French Lynx », premier single de l’album qui introduit ce nouvel album. La voix claire de Murat fait toujours son petit effet particulièrement avec ce titre très aérien, presque pop, qui ne reflète pas vraiment l’ambiance générale du disque.

« Morituri » n’est pas très éloigné du somptueux « Babel ». Les chansons y sont toujours aussi langoureuses, épaisses, teintées de Blues, comme ce « Frankie » gorgé de mythes et de légendes quelque part entre 827 et 1163. Bêtes imaginaires, forêts de Bavière et eaux profondes intéressent bien plus Murat que le retour de Renaud ou de Polnareff… Subterfuge bien malin pour happer les médiocres médias et avoir une once de visibilité…

On appréciera particulièrement le beau travail de Gael Rakotondrabe (Cocorosie, Anthony & The Johnsons) aux claviers et au piano sur « Tarn & Garonne » ou sur « La Pharmacienne d’Yvetot », un titre qui aurait pu être aussi celui d’un film de Jacques Demy. Murat, maniant l’art de la toponymie comme personne, dresse là l’une des pièces maîtresses de « Morituri ». La langue coule. Nous, bouche bée par la voix chaude de Murat. Empêtrés dans ses histoires parfois sans queue ni tête, les mots sont toujours justes, sonnants et trébuchants à souhait.

« Le boucher est mouru, qu’est ce qui nous a fait ça ». La fin du monde rural… le début d’un nouvel âge, moyenâgeux peut-être à l’instar du titre « Morituri », réminiscence du « Petit Chevalier » de Nico, interprété ici avec brio, en duo, avec Morgane Imbeaud (ex-cocoon) qui participe aussi à deux autres titres. Des voix de femmes, c’était inévitable sur un disque de Murat.

On finira sur le troublant « Le Cafard ». « C’est quoi le cafard ? Difficile à dire. C’est comme un buvard qui te boit la joie, te prépare au pire. C’est un animal qui fait un carnage chez les colibris. » Ne vous y fiez pas. Murat est au sommet de sa forme. Comme souvent. 

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