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Joan as Police Woman – To Survive

JOAN AS POLICE WOMAN – To Survive
(Reveal / PIAS) [site] – acheter ce disque

JOAN AS POLICE WOMAN - To SurviveSecond album de la transcendante Joan Wasser qui, cette fois-ci, n’a fait appel ni à l’anticonformiste Joseph Arthur, ni au vibrant Antony (& the Johnsons, avec qui elle a déjà officié), pour ériger ce suréminent "To Survive". Oh mais ne craignez rien, elle a toujours le nez creux pour dégoter le ciment idéal à la mise en forme de son songwriting. Outre les excellents musiciens (cuivres, violon, violoncelle, percussions…) qui l’auréolent, la demoiselle se paie le luxe d’avoir, tenez-vous bien, David Sylvian – qui se fait tout discret – en backing voice sur le céleste "Honor Wishes". Bon, il faut avoir une oreille plutôt experte ou, comme moi, aller fouiner dans les recoins de la pochette qui, soit dit en passant, est très belle (sorte de métissage entre une photo et un portrait de la période Haute Renaissance, qui renferme en son sein des cieux constellés, dominés par deux petits tigres énantiomorphes au regard hypnotique), pour parvenir à identifier le bonhomme. Et puis, il y a aussi le symbiotique "To America", qu’elle a écrit en ayant déjà à l’esprit le dessein de l’interpréter avec son ami Rufus Wainwright, dans le groupe duquel elle a officié pendant des années. La nuance, c’est que, pour le coup, c’est lui qui a dû s’accommoder à la tonalité du son qu’elle voulait atteindre. Elle a bien fait de lui faire suer des gouttes ; le résultat est tout simplement éblouissant. Mais ce qu’il y a de merveilleux dans cet opus, ce n’est pas tant l’intervention de ces imminentes figures, mais Joan Wasser, elle-même, qui culmine de bout en bout. L’Américaine rayonne et annihile, sur son passage, toute notion de superficialité. Derrière son piano (principalement), elle orchestre de main de maître un univers riche et intemporel qu’elle arrive à canaliser pour n’en extraire que l’ambroisie. Chaque titre est habité par la grâce, et l’étalage de ce talent incommensurable, plonge l’auditeur dans un profond état de jubilation (le frisson ne m’a jamais quitté au fil des écoutes), ce qui est d’autant plus remarquable, au vu de l’omniprésente mélancolie qui préside l’album. C’est, en effet, dans des circonstances pénibles que l’album – qui porte fort bien son nom – a vu le jour. Les morceaux ont été écrits en bonne partie sur la route de la tournée de son précédent essai, pendant que sa maman luttait contre la maladie qui l’a finalement emportée. Et pourtant, pas une larme de maussaderie ne perle. Une belle leçon de courage donc, pour cette artiste à la sensibilité et à l’honnêteté exacerbées qui est parvenue à exprimer ce qui devait la submerger, sans jamais se laisser dépasser, ni tomber dans la sensiblerie. En plus, avec des bijoux comme "To Be Loved" ou "Macpies", elle redore un peu le blason du R&B (non non ne zappez pas, je ne vous parle pas de l’urticant R’n’B contemporain qui n’a d’ailleurs chapardé au rhythm and blues des années cinquante, que le nom). Difficile de classifier la musique de Joan Wasser. Disons qu’elle vogue sur les eaux de la soul, avec, en poupe, tous les vents du rock, du funk et du jazz pour la porter toujours plus haut. Bref, un tourbillon de bonheur au cœur duquel il fait bon se laisser emporter. A se procurer d’urgence donc, "To Survive".

David Vertessen

A lire également, sur Joan as Police Woman :
la chronique de « Joan as Police Woman » (2006)
Honor Wishes
Holiday
To Be Loved
To Be Lonely
Macpies
Start of my Heart
Hard White Wall
Furious
To Survive
To America

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