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Lispector – Small Town Graffiti

Lispector - Small Town Graffiti

En ces jours de deuil prolongé de l’empereur du DIY, Daniel Johnston, célébrons un des meilleurs rejetons français de la mauvaise graine de l’indie pop bricolée : Lispector, qu’on ne présente plus, qu’on ne devrait plus présenter (lire les nombreuses et élogieuses chroniques des différentes plumes de la rédaction plus bas, preuve s’il en est, que Lispector nous touche tous), sort un nouvel LP, « Small Town Graffiti », chez Teenage Menopause Records et c’est une joie. 

Lispector a toujours eu le don du tube : on retrouve ici tout le charme de sa mélancolie tendre et acide, sa science de l’arrangement qui fait mouche, et, bien sûr, des mélodies sucrées et amères qui ne nous lâchent pas. « Small Town Graffiti » est moins sec que les précédents, avec moins de bric et de broc, plus en rondeurs (basse bien mise en avant) et avec un certain sens du groove qu’on ne connaissait pas à la damoiselle. C’est le cas dans « Nothing to believe in », dont on apprécie les coups de griffes de guitares qui mitraillent l’atmosphère ouatée. Punky Brewster un jour, punkette toujours…

On broie gentiment du noir avec beaucoup de rose, de l’anonymat à l’ennui des banlieues (« Small Town Graffiti ») en passant par l’évidente et naturelle ode synth popà l’outsiderité, « The Actress in the background ». Là ou Julie ressasse, Lispector excelle et cela, qu’elle reprenne « Seabird » des Alessi Brothers (encore une évidence et une réussite) ou qu’elle nage, palmée telle Patrick Duffy, dans les eaux sacrées de Beat Happening/Halo Benders/Calvin Johnson pour un « Be Careful What you wish For », avec un relent de psychédélisme mais corsé et sec comme un coup de trique (ou un tsunami bien frappé).

Sur « Huppert », autre (double) hommage, plein de malice bien sûr, une intro bricolage à la Yo la Tengo laisse la place à une rêverie (la musique de Lispector n’est que rêve) sur notre Berma à nous, notre indéboulonnable icône, Isabelle H. Et le tout en français ! On le savait depuis au moins le « Kabuki Femme Fatale » de Kumisolo et Joe Davolaz que Julie fricotait avec la langue de Jacques Demy. Voilà, c’est fait.

Elle enchaîne même sur un second titre, avec « Astrologie Sidérale », soit du vintage garage sixties dans un mode Laure Briard (la sauce toulousaine sans doute). Un peu rauque, barré, comme du Brigitte Fontaine, naïf et hédoniste dans l’esprit à la Françoise Hardy. Qu’elle lâche (un peu) ses claviers et samplers et laisse exprimer sa rage en Elisabeth Tessier punk, c’est osé et gagnant. 

Le meilleur pour la fin ou presque : « Apollo Bay » ou comment faire dansoter sur des regrets avec une boîte à rythme cheap, une batterie minimale, des claviers venteux, des guitares pleines d’échos surf, et quelques chœurs samplés. La magic touch de Julie mais ici sublime et sublimée par une production parfaite. On termine sur une ambiance d’indiennerie, « The Swimmer », ashram instrumental beatlesien mais déglingué, of course.

2 faces de galettes plus tard, on a vérifié ce dont nous ne doutions pas un seul instant :  Lispector est toujours notre Tatie Daniel Johnston préférée.

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