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Disques

Matthieu Malon – Le Pas de côté

Matthieu Malon - le pas de côté

C’est un album inattendu de Matthieu Malon (y compris pour son géniteur) qui sort chez Monopsone en deux versions (CD et LP, au tracklisting légèrement différent). Tout électro, dans la lignée de Laudanum, assez loin du rock électrique qui faisait le sel de sa trilogie terminée par « Désamour », qu’on avait beaucoup aimé.

Composé en jouant sur son iPad lors de ses voyages en train quotidiens, apprend-on, “Le Pas de côté”, l’album, garde certainement moult traces de sa fabrication : il y est beaucoup question de rêveries, de souvenirs sur l’enfance, d’adolescence, de fantasmes sur ses compagnons de route et bien sûr de vitesse. Que tout se soit mêlé et ait fini retravaillé sous forme de chansons est assez amusant. On sent aussi une certaine facilité ou rapidité dans la composition, quelque chose d’assez intuitif, permettant d’utiliser tout un tas de souvenirs musicaux ou non. “Quelques jours avec toi” nous fait penser au Murat première période, néo romantique tout en claviers, « Mon Luis Ocana rouge » au (dé)Tour(s) de France de Kraftwerk, « Respire », avec son ralentissement de beat, prend un faux air de Lil’ Louis. Et c’est donc la deuxième fois cette année, avec O, qu’on pense à ce titre, ô combien fondateur !

On imagine que Matthieu Malon a dû jouer à l’écriture automatique, peut-être partir d’un souvenir pour écrire un texte puis retrouver un reste de musique enfoui en lui. Ou l’inverse. Ou rien de tout ça mais ça y ressemble beaucoup. Peut-être qu’on le fantasme mais c’est assez amusant de jouer à retrouver, dans son propre stock à souvenirs, différents échos et d’entrer en résonnance avec les mots et les beat de Matthieu.

Dans « Un billet de cent francs », j’entends un faux air du premier album de Nine Inch Nails, « Pretty Hate Machine », reste d’un amour pour le groupe qui ne date pas d’hier et documenté ici même. Signalons que Matthieu a enregistré « A tes côtés », une reprise de « Beside You in Time », disponible uniquement sur son bandcamp.

En tout cas, impossible de ne pas penser au sein découvert de la Liberté guidant le peuple et à toute une éducation artistique accessible ou presque à tous les porte-monnaie d’alors (Debussy et sa tronche cheulou, Pascal perdu dans ses Pensées). Et à Gainsbourg aussi qu’on retrouve dans « Le Souvenir des autres fois », avec Pixies, ce qui nous permet de penser que chez Malon, comme chez Marcel, l’oubli de l’amour se noie souvent dans les références (« Et ce T-shirt de Sonic Youth » sur le précédent).

On pourrait même penser qu’il joue à faire des relectures de ses propres titres ou du moins à tourner autour avec « Cache-cache », rappelant « Un essai gratuit ».

Contrairement à la protagoniste de la rubrique sport, je m’intéresse très peu à (pire, j’avoue : je déteste) la littérature contemporaine. En revanche, j’adore les autofictions de Matthieu Malon. Et, en plus, on peut gigoter élégamment tout en l’écoutant, en imaginant être au ZigZag ou à l’Électron. Ou dans un train bleu, entre Lyon et Genève. Ou entre Paris et Orléans.

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