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Disques

Miossec – Ici bas, ici même

Miossec - Ici-bas, ici-même

Revoilà Miossec, avec ses bleus à l’âme et sa douceur écorchée. Récemment, on l’avait connu plus brutal avec ses « Chansons Ordinaires » – un bon album qui ressemblait un peu, tout de même, à un exercice de style. « Ici-bas,ici-même » convoque un registre plus apaisé, mais propose des morceaux tout aussi frappants, et d’une autre ampleur.

Parler de sobriété chez l’auteur, il y a vingt ans maintenant, de « Boire », disque jalon s’il en est, serait néanmoins un peu facile, tant le disque est dense d’une émotion ouatée, mais profonde, notamment sur les morceaux les plus lents :  « Ce qui nous atteint », ou « Nos morts », deux des quelques sommets de l’album, culminant très haut.
« Ici-bas ici-meme » est un album qui requiert une écoute attentive, pour ne pas glisser sur des paroles qui pourraient parfois passer pour faciles, comme sur le titre éponyme de l’album, et ses regrets à coups de « ne…plus » nostalgiques – mais qui évoque des thèmes universels sans détour ni artifice.
Il y a du poète chez ce Miossec-là, débarrassé des fanfaronnades sonores ou verbales qui émaillaient ses albums précédents (souvent, par ailleurs, avec bonheur). Même l’emphase qui peut accompagner ce type d’album est absente ici : Miossec pose sa voix avec une infinie douceur, en détachant les syllabes avec un soin qui accentue la richesse de mots pourtant très simples, un peu à la façon dont Gainsbourg pouvait le faire – à d’autres fins. Sur « Le Coeur », on pense franchement à « Merci pour la joie », sur « Boire », l’un des morceaux, qui, rétrospectivement, sembleraient presque annoncer le Miossec d’aujourd’hui.

Un album somme, en somme, où Miossec évoque autant son séjour dans le ventre de sa mère (dans « Bête, comme j’étais avant ») que la mort  (« Le Coeur », encore), ou la condition humaine, comme sur « On vient à peine de commencer » ou « Des touristes », qui conclut l’album et qui s’envole à la fin, à contrepied d’un album essentiellement dépouillé, plutôt grave.  Faut-il y voir une façon de refermer cette parenthèse suspendue avant un retour à plus de décibels ? Pas sûr, à l’écoute de l’album, que cette perspective soit celle qui nous réjouisse le plus, tant le dépouillement sied au Brestois.

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