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Mkwaju Ensemble – Mkwaju

Mkwaju Ensemble - Mkwaju

C’est dommage d’arriver un peu sec sur ce merveilleux album mais que voulez-vous que je vous raconte de plus sur la musique de Midori Takada que je n’ai pas déjà abordé lors de mes trois chroniques précédentes ?

Alors, oui, c’est toujours de l’ambiant centré autour de percussions mais c’est encore meilleur. Déjà parce que c’est écrit dessus (doit-on le croire ? Nous le feindrons) : l’album est produit ET composé par Joe Hisaishi, et là, total respect au compositeur de la musique de « Mon Voisin Totoro » et du « Voyage de Chihiro » (entre autres… j’occulte volontairement Kitano car que valent tous les Kitano contre un Miyazaki ?). Soit l’alliance de l’artisanat, de la profondeur et de la légèreté.

Est-ce parce que Hisaishi est dans la place que le Mkwaju Ensemble (élargi avec notamment Junko Arase qui apparaît sur le délicat et culte « Still Way-Wave Notations 2 » de Satoshi Ashikawa) est plus direct que dans le disque « Ki-Motion » ? Les compositions sont plus resserrées sur un alliage de rythmes dédiés à l’efficacité. Elles sont et sonnent également comme déterritorialisées, comme dirait l’autre. Là où « Through the Looking Glass » créera des paysages sonores et picturaux nouveaux, où « Lunar Cruise » enfantera un jazz rock percussif, pré-post rock, ici les motifs de percussions afro sonnent comme directement empruntées à leur tissu matriciel d’origine mais intégrées ici dans une trame d’ambiant pop, une sorte d’ethno techno. C’est le cas de Mkwaju de « Tira-Rin » et, un peu de « Shak Shak » (le final), soit la réponse pop aux emprunts de Steve Reich aux percussions Ghanéennes (encore un vol manifeste de l’Or Noir). En dehors des structures pseudo-pop, ce sont aussi les claviers aux sons froids d’Hisaishi (et peut-être aussi aux programmes de Hideki Matsutake) qui pervertissent mais aussi subliment le son du Mkwaju Ensemble. Le travail sera plus approfondi sur « Lunar Cruise » par Masahiko Satoh et il reste ici assez discret et toujours au service de ce qu’il faudrait convenir d’appeler la puissance de danse. Car si vous n’avez pas envie de vous secouer l’arrière train en boubou sous X c’est que vous êtes sourds ou feu-Stephen Hawking.

Par deux fois, sur « Lemore » et « Pulse in the Mind », l’Ensemble terraforme d’autres corps qui aboutiront aux fécondes atmosphères gazeuses et rêveuses de « Through the Looking Glass » : gouttelettes irisées de marimbas sur motifs répétés de claviers venteux et cuivrés, gongs sur ondes émergeantes de synthés modulaires assoupis.

Et puis, « Flash-Back ». Comme sur finalement chacun des disques (connus) de Midori Takada, c’est le titre phare, la baleine blanche de l’album longue de ses presque treize minutes, tout en matités, peaux et bois. Pour fans de « Drumming » (Partie 1 surtout), en version asiatique et moins mécanique. En plus aventureux et avec plus d’espace.

Au moment de la sortie du premier enregistrement de Midori Takada, après vingt années de silence, « Le Renard bleu », il est plus que bon de se replonger dans ce qui reste comme l’achèvement de son Odyssée collective, parue en 1981 et rééditée par wrwtfww (on regrette l’absence de notes de pochette qui auraient été les bienvenues tant l’histoire du Mkwaju Ensemble reste nimbée de mystère).

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