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My Latest Novel – Wolves

MY LATEST NOVEL – Wolves
(Bella Union / V2) [site] – acheter ce disque

MY LATEST NOVEL - WolvesQuand un disque s’avance d’emblée comme un tel concentré d’élégance glacée, entre la pochette, le titre de l’album et le nom du groupe, on peut être en droit d’appréhender un peu le moment de la musique elle-même. C’est pourtant le contraire qui se produit ici. Quelques jours en compagnie de ce disque rendront son emballage bien vite futile à côté du parfait enchaînement de morceaux auquel il nous confronte. Le choc ne sera peut-être pas immédiat pourtant. L’album aura d’ailleurs soin de brouiller les pistes en égarant son auditeur, dès les premières mesures de "Ghost in the Gutter" dans les sinuosités d’un post-rock acoustique, chargé d’une violence noire martiale qui s’évanuira en fin de morceau, laissant place à une armée de voix tout aussi grave et intense. Cette dualité entre une instrumentation virtuose en exergue, menée tambour battant par un violon plein de feu, et un travail très abouti sur les voix, souvent érigées en choeur, constitue l’un des leitmotive du disque, lui conférant au passage sa personnalité implicite. Le caractère de "Wolves" ne se réduit toutefois pas à une seule formule, aussi brillamment exécutée puisse-t-elle être par ailleurs. L’une des grandes forces du disque tient justement dans sa diversité. L’homogénéité de l’ensemble a beau être assurée par des arrangements d’une cohérence infaillible, faisant la part belle aux cordes, aucune chanson ne ressemble à une autre. On sent sur "Learning Lego" l’influence indéniable de Low, avec qui le groupe a partagé plusieurs fois l’affiche, et dont My Latest Novel parvient à saisir la lente puissance magistrale sans reproduire strictement les mêmes schémas (le morceau se termine sur une explosion de choeur d’enfants qui rappelle plutôt "Another Brick in the Wall"). Plus loin, lors de l’escale pop du disque, "The Hope Edition" évoque, violon aidant sans doute, le songwriting aérien et racé d’Andrew Bird. Le crescendo du début de l’album jusqu’à "Sister Sneaker Sister Soul", véritable perle sur la cristallisation amoureuse dont les effets se révèlent diablement efficaces, est tellement impeccable qu’il en devient presque physiquement éprouvant. La très légère baisse de régime avec "When We Were Wolves" est alors bienvenue et profite à l’harmonie globale du disque. Elle annonce de toute façon un nouveau crescendo, qui s’achève en un flamboiement pouvant interpeller les fans d’Arcade Fire, sur "The Reputation of Ross Francis". On ne sera pas surpris d’apprendre l’origine géographique de cette formation, l’Ecosse, patrie de nombreux orfèvres pop dont My Latest Novel synthétise en le transcendant un héritage d’une richesse à laquelle contribuent Mogwai autant que Belle & Sebastian. La diction particulière du chanteur principal, marquée de cette identité, ajoute d’ailleurs aux charmes de "Wolves". Etonnante réussite de bout en bout, cette belle douche froide (écossaise) est pour moi la meilleure surprise de l’année. 2006 n’est certes pas finie, mais je doute fort, au risque de paraître un peu sec, qu’elle nous réserve encore plus de deux ou trois disques de cette trempe.

Jean-Charles Dufeu

Ghost in the Gutter
Pretty in a Panic
Learning Lego
The Hope Edition
The Job Mr Kurtz Done
Sister Sneaker Sister Soul
When We Were Wolves
Wrongfully I Rested
Boredom Killed Another
The Reputation of Ross Francis

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