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Disques

Sophie Auster – Sophie Auster

SOPHIE AUSTER – Sophie Auster
(Actes Sud / Naïve) [site] – acheter ce disque

SOPHIE AUSTER - Sophie AusterElle a le regard persan de son père, une beauté racée et une maturité précoce forgée au contact de ses parents, tous deux membres de l’intelligentsia new-yorkaise francophile. Pour ses premiers pas artistiques, Sophie Auster, 18 ans, a choisi de chanter les poètes français que l’on chérit dans sa famille (Robert Desnos, Tristan Tzara, Philippe Soupault, Paul Eluard, Guillaume Apollinaire). Il était donc normal qu’Actes Sud, la maison d’édition de son père, parraine ce disque sobre et élégant dont le principal intérêt réside dans la belle voix claire de la jeune femme, un brin maniérée d’accord, mais pour laquelle on ne peut s’empêcher de fondre assez facilement. Ne cherchez pas de grain de folie, de blue note, de bobos à l’âme, ce disque est sage comme une image, appliqué même, un peu scolaire pour tout dire, mais pas moins charmant. Les musiciens de One Ring Zero qui l’accompagnent remplissent gentiment leur rôle de Zébulon en tissant des mélodies de velours zigzaguant entre pop sage, country débonnaire et ambiance cabaret d’Europe de l’Est. Reconnaissons-leur le don des arrangements soignés et des instruments improbables où des slides de guitare lunaires répondent à une clarinette yiddish, où une mandoline romantique joue la sérénade à un accordéon solitaire sous un croissant de lune. De fait, on plonge sans grande résistance dans ce bain suave au parfum désuet, et c’est peut-être là que le bât blesse, dans cette interprétation aseptisée qui dilue la force des textes et avorte toute tentative de les magnifier au profit d’une vision romantique et compassée de la "culture française".
La dimension polémique de ce disque est à chercher ailleurs, dans sa genèse par exemple. Rappelons ici que le parcours artistique de Michael Hearst et Joshua Camp reste étroitement lié au milieu littéraire new-yorkais qui les a conduit à accompagner de nombreuses fois des lectures organisées par les éditions McSweeney’s, à composer la musique de "King George Blues" -hymne anti-Bush écrit par un certain Paul Auster à l’occasion du Central Park’s Summer Stage- et à s’afficher avec tout ce que Big Apple compte de gauchistes "bon teint" et de sympathisants luttant contre la politique du gouvernement américain.
Dans un registre doucement décalé mais pas aussi loufoque que celui de They Might Be Giants, autres activistes de la même ville, Sophie Auster et One Ring Zero forment une association de circonstance qui séduira autant le fan de Norah Jones que le bobo parisien et l’étudiant engagé prouvant, s’il est nécessaire, que le clan Auster possède plus d’une corde à son arc. Si ce coup d’essai tient surtout à l’entregent de papa, il laisse entrevoir un talent en herbe qui cherche encore sa voie. Sur disque ou sur les planches, le prochain rendez-vous avec Sophie Auster est pris, quelque part entre le pont Mirabeau et celui de Brooklyn.

Luc Taramini

The Last Poem
Close Your Eyes
Word Heat
The Door
Le Pont Mirabeau
Sailor Girl
The Lover
Western Wind
The Swimmer
Jitterburg Waltz
Walking

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