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Trash Palace – Positions

TRASH PALACE – Positions
(Discograph) – acheter ce disque

TRASH PALACE - PositionsIl est difficile de se montrer juste envers un disque qui avait indisposé tout le monde deux mois avant sa sortie : comment oublier, en effet, un battage médiatique parmi les plus navrants qu’on ait eu à subir depuis longtemps, comment croire que des artistes avisés comme John Cale, Murat ou même Brian Molko aient pu penser sérieusement que leurs fans avaient besoin de les voir rivaliser dans la hype et l’escalade vers le stupre chic et choc ( "trash palace", on vous dit), comment passer sous silence une première prestation scénique calamiteuse à la dernière Route du Rock (les rédactions n’ont parlé que de ça), comment ne pas penser que le choix de reprises telles celles de "Venus in furs" et "Je t’aime, moi non plus" a, dans ce projet, quelque chose d’un peu convenu et prévisible (pourquoi pas "Fever" et "Satisfaction", pendant qu’on y est ) ? Une fois qu’on a pesé le poids de ces objections de principe massives, reste encore à se donner la peine de prêter attention à ce qui seul nous intéresse : la musique. Dire qu’à l’écouter l’impression de malaise se dissipe franchement serait mentir, le résultat est pourtant moins catastrophique que prévu, mais pour des raisons qui, au bout du compte, laissent perplexe. Jouant d’un bout à l’autre une carte électro-rock assez riche en couleurs et en tonalités, porté par un beau casting de voix, le travail de composition de Dimitri Tikovoï, maître d’œuvre à bord, lorgne un peu trop souvent, comme dans un rétroviseur sans grande profondeur de champ, vers les productions électroniques les plus en vue des dernières années, empruntant – sans complexe mais avec une certaine adresse – les gimmicks de Mirwaïs ( sur "The Metric System", "Your Sweet Love"), Prodigy ("Animal Magic") ou Miss Kittin and the Hacker ("Insatiable") les plus connus. Sans être désagréable, "Your Sweet Love", "Animal Magic" ou "X Dummy" comptant parmi les moments les plus convaincants du disque, le résultat est un peu court, d’autant que certaines autres compositions pêchent vraiment par approximation et désinvolture ("Sex On the Beach", "Mary"). Parfois, on se plaît à rêver de ce que le projet aurait pu devenir, notamment grâce à la contribution de John Cale qui transforme une ballade sur lit de soupirs et de beats en récitatif métronomique et désabusé autour des espoirs et déboires de la rencontre sexuelle ("The Insult"). À ce moment-là, avec cette distance, ce décalage entre électro robotique et propos sensuel, cette rencontre improbable entre l’esprit du Velvet et la geste de Kraftwerk, on se dit qu’il y a un filon que le reste du disque n’exploite malheureusement pas. Parfois, on tombe de très haut, et l’on se dit que Murat aurait mieux fait de rester couché plutôt que de se prêter à un délire surréaliste autour de la corne de rhinocéros de Dali ("Maculée Conception") ou que les vocalises de Luna James, loin de sauver le navrant "Mary", rajoute à sa lourdeur. Mais surtout, on ne peut s’empêcher de se dire que l’on assiste là à une sorte de naufrage du projet musical qui ne parvient pas à unifier les différentes propositions de ce disque concept aux multiples entrées et invités. Si on n’avait pas en tête les excellentes contributions à ce genre que sont les derniers Death in Vegas, Terranova ou Ginger Ale, projets qui combinent variété des formes, pertinence musicale et sensualité exacerbée, on se dirait que le projet Trash Palace a échoué pour des raisons qui lui sont extérieures, mais cela, non, on ne se le dit pas. Et l’on a malheureusement hâte que le disque s’achève.

David

A lire également, sur Trash Palace :
l’interview (2002)

Sex On the Beach
Bad Girl
The Metric System
Your Sweet Love
Venus in Furs
Maculée Conception
The Insult
Animal Magic
Mary
Insatiable
Je t’aime, Moi Non Plus
X Dummy

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