Dimanche 26 janvier
Son Of
Arrivés sur la fin du concert, impossible de se faufiler dans la salle pleine à craquer. On se contente donc d’écouter quelques morceaux de loin. Même à cette distance, Son Of impressionne, le son est énorme, la rage à fleur de peau. A revoir.
Son Lux
Première petit déception du festival, on attendait beaucoup de Son Lux après son grand album dense et protéiforme. Sur scène, rien (ou très peu) de cette magie pop, ne reste que la grandiloquence d’un Ryan Lott qui en fait des tonnes mais sonne vide, désincarné. La faute peut-être à un manque d’instruments, on aimerait des cuivres, des violons, encore plus de percussions. Ou alors des versions plus épurées des chansons. Mais les solos prog du guitariste ne font qu’appuyer grassement le trait et ne permettent pas de redonner de la hauteur au concert que nous quittons un peu dépités. Par souci d’équité, ajoutons ici que cet avis est loin d’être unanime et que les gens croisés par la suite ont pour certains été tout à fait charmés.
The New Mendicants
Quand deux génies modestes de la pop se retrouvent à Toronto (pour cause d’épouses canadiennes), que font-ils ? De la musique, pardi ! Norman Blake (Teenage Fanclub, entre autres) et Joe Pernice (Scud Mountain Boys, Pernice Brothers, etc.) ont donc formé les New Mendicants avec le batteur Mike Belitsky des Sadies (qui n’avait pas fait le déplacement jusqu’à Saint-Ouen). Comme on pouvait s’y attendre, l’album qu’ils viennent de sortir regorge de mélodies fondantes, de chœurs célestes et de textes acides. Sur scène, ils en jouent quelques extraits, mêlés à des morceaux plus ou moins connus de leurs riches répertoires respectifs (version sublime du "Everything Flows" de TFC en clôture). Deux voix (et quelles voix !), deux guitares en bois, un glockenspiel (Norman), pour un moment rare et beau.
Cass McCombs
Cela fait dix ans que le prolifique Américain Cass McCombs sort des disques (sur 4AD puis Domino), et bien que ceux-ci soient de plus en plus remarquables, faisant presque du chanteur-guitariste l’égal d’un Bill Callahan, sa renommée en France reste très limitée. Son concert sans fioritures, entre rock à guitares épuré à la Lou Reed et moments d’inspiration country avec pedal steel, aux mélodies superbes, aura montré aussi bien ses talents de songwriter classique (malgré l’étiquette indie) que les progrès accomplis dans le domaine de la présence scénique. Un homme plus que jamais à suivre.
Jeffrey Lewis
Jeffrey Lewis à Mo’Fo, c’est aussi évident qu’un concert de Dan Ar Braz au festival Interceltique, tant le folk du New-Yorkais respire parfaitement l’esprit du festival. Mais on ne savait néanmoins pas trop à quoi s’en tenir, car les dernières productions de Lewis se laissaient écouter plus par sympathie que par enthousiasme. Eh bien, le set fut presque parfait. Accompagné de The Rain, Lewis a egréné ses ballades acoustiques qui font mouche, qu’il alterne avec de petit brûlots punk explosifs, une reprise de “Rebound” de Sebadoh joué pied au plancher, et deux passages BD/musique dont seul Jeffrey Lewis a le secret : une brève histoire du Viêt-Nam et “After Dark,” un conte érotico-zoophile burlesque. Le petit gars du Lower East Side concluera par une cover de “True Love Will Find You in the End” de Daniel Johnston, qu’il aura brillamment illustrée aussi en BD. Jeffrey Lewis était chez lui.