Loading...
Disques

Arctic Monkeys – Humbug

ARCTIC MONKEYS – Humbug
(Domino / PIAS) [site] – acheter ce disque

ARTIC MONKEYS - HumbugTout ayant été écrit sur "Humbug", cette hype littéralement passe-muraille, que nous reste-t-il à dire, à nous POPnews, qui ne vouons aucune passion particulière aux Arctic Monkeys ?

Rappel des faits : en 2005, quatre ados à mi-chemin entre Todd Solondz et Gus Van Sant (traduction : quelconques) débarquent sur la blogosphère mondiale avec leurs "contes bidons de San Francisco" vite suivis d’un premier album brouillon mais rock puis d’un second frénétique et, bien sûr, forcément rock – on aura reconnu la mythologie des "lads" venus de nulle part et dépositaires de l’esprit du rock, cette pythie qui ne se manifeste qu’à d’heureux élus. L’ennui principal avec le rock, c’est qu’il a cycliquement besoin d’être sauvé – d’où les Strokes, White Stripes, Kills, et autres perdreaux de l’année montés en graine, tout ça en une seule décennie. De fait, cette musique basée sur la rébellion et l’urgence perd une grande partie de sa force si on sanctionne la malheureuse d’une reconnaissance multi- et inter-nationale. Bon, OK, on peut devenir AC/DC, Motörhead (voire U2), mais qui a réellement envie de ça, nonobstant les non négligeables budgets putes probablement alloués à ces groupes ?

Pas Alex Turner, en tout cas (il est fiancé et pas con du tout). On ne sait comment, tout marche pour lui. L’année dernière l’a réinventé en jeune éléphanteau Barryssant de la pop cinématographique sous la bannière des Last Shadow Puppets. Bien bel essai même si "The Age Of Understatement" était un disque appliqué et inerte qu’on a surtout vanté pour le pas de côté. Qu’importe, Turner revient à ses premières amours en mettant la pédale douce sur la frustration et la violence sociale (calcul judicieux, après deux albums de platine et un compte en banque à l’avenant. ça la foutrait un peu mal). "Humbug" – "charlatan" en français – est donc un disque de transition qui rêve à autre chose, essaie des pistes et des masques. On admire d’abord le son ample, spacieux offrant paradoxalement une grande attention aux détails, notamment sur les voix et les choeurs. A l’oeuvre, le métalleux pop des Queens Of The Stone Age, Josh Homme qui a soumis les Monkeys à une cure de désert – au programme du chaud, des bourrasques (l’orgue balayé par les méchantes guitares de "Pretty Visitors") et des mirages (Alison des Kills enfouie sur l’un des sommets recensés, "Fire and the Thud"). Au programme aussi, l’amicale anglo-américaine réactivée dès l’intro du classieux "My Propeller" produit par le comparse attitré James Ford qui, sans complexe, présente la basse de Nirvana aux guitares rougissantes d’un vieux Smiths. Il est clair qu’avec "Humbug", Turner essaie de marcher sur les pas de grands anciens (Kinks, Jam) en délaissant l’entertainment mod-rock et le pied au plancher pour une musique plus adulte consciente de ses enjeux. D’où l’un peu facile morceau de bravoure final ("The Jeweller’s Hands") et sa métaphore surlignée, à qui l’on préfèrera le ravissant "Secret Door", suave comme un bonbon poivré avec son refrain crooné et sa batterie bi-polaire.

S’il se bonifie avec les écoutes, "Humbug" n’en atteint pas moins une vitesse de croisière – plutôt élevée – qu’il ne quittera plus, celle d’un classicisme de bon ton, un peu à la façon du "Roots and Echoes" de The Coral, l’ancrage "northern soul" en moins. On pourrait pinailler sur la relative absence de danger et la propreté un peu trop claquante de la copie. On ne le fera pas car le troisième album des Arctic Monkeys est un bon disque où les risques calculés ont été couronnés de succès à l’avenant. Et qui fait même mentir son titre, qui l’eût crû ?

Christophe Despaux

acheter ce disque

My Propeller
Crying Lightning
Dangerous Animals
Secret Door
Potion Approaching
Fire And The Thud
Cornerstone
Dance Little Liar
Pretty Visitors
The Jeweller’s Hands

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *