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Austra – Feel It Break

Austra - Feel It BreakLe temps d’adaptation de l’auditeur moyen au premier album d’Austra – et faux deuxième disque solo de sa leader Katie Stelmanis – dépend de deux facteurs principaux: sa capacité à supporter les offres tout-électro façon Bouygues Illimité et les maniérismes vocaux de Castafiore reclassée. On a l’air de dégoûter, comme ça, mais « Feel It Break » se bonifie à chaque écoute. Il est même possible, en vitesse de croisière, de réellement apprécier les björkismes bégayants de Stelmanis, chanteuse à passé indie-piano sans compter une formation lyrique. De son promontoire, Austra fait souffler une chaleur toute relative sur les terres boréales foulées par The Knife. On y retrouve parfois l’âme cabossée de Depeche Mode et des sonorités à la « Violator » réactualisées, tandis que certaines rythmiques assez vives penchent plutôt du côté de Dave Clarke période Yazoo (« Lose It »).

C’est que « Feel It Break » peut se définir comme un bibelot synthétique extra-utérin, du Ladytron qui aurait oublié son programme Kraftwerk dans le placard à balais. Il tente sur la longueur une délicate fusion baroque-électro qui donne de splendides résultats dans la première moitié du disque : « The Future », finement construit et mené ; « Beat & The Pulse » qui rappelle la face anxieuse de Röyksopp, notamment les morceaux avec Anneli Drecker, probable influence de Stelmanis. Quant à « Spellwork », c’est tout simplement le meilleur exemple de techno-pop frigide ravivée aux hormones depuis « Destroy Everything You Touch », ce tube de Ladytron qu’on n’aurait jamais pensé apprécier autant. La seconde moitié de « Feel It Break » accuse un peu le coup, mais reste d’un niveau plus que décent (pour notre part, on aurait juste écarté « The Beast » qui sonne un peu comme du Emiliana Torrini sexagénaire). Il est trop tôt pour dire si le péché de théâtralité, qu’on devine mignon, plombera ou sublimera les prochaines livraisons de Katie Stelmanis, mais en l’état « Feel it Break » est au-dessus de l’ordinaire. Austra-ordinaire, donc.

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