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Disques

Bert Jansch – The Black Swan

BERT JANSCH – The Black Swan
(Sanctuary Records / Pias) [site] – acheter ce disque

BERT JANSCH - The Black Swan En dépit d’un statut d’icône folk des sixties et d’une reconnaissance des plus grands artistes pop (de Jimmy Page à Johnny Marr en passant par Neil Young), Bert Jansch a suivi une carrière plutôt discrète à partir des années 70. Moins flamboyant que son homologue Richard Thompson mais tout aussi érudit en matière de répertoire traditionnel (l’incontournable « Jack Orion »), il n’en reste pas moins que son jeu de guitare en picking influencé par le folk, le blues et le jazz a fait date dans le monde de la six-cordes. Après une reformation peu convaincante de Pentangle dans les années 80 (la super formation de folk progressif au sein de laquelle il officia aux côtés d’un autre géant de la guitare acoustique, John Renbourn), l’Ecossais, pas toujours prompt au renouvellement, aurait pu se contenter d’une carrière honorable dans le circuit fermé des clubs et festivals folk du Royaume-Uni fédérant autour de lui un public averti. Oui mais parfois, le sort en décide autrement. Comme cette jeune génération de musiciens bien décidée à lui prêter allégeance et à s’afficher à ses côtés. Johnny Marr et Bernard Butler, d’abord, avec qui il écrivit en 2001 le très beau « Crimson Moon », Hope Sandoval en 2002 sur l’inégal « Edge Of a Dream », Beth Orton et Devendra Banhart (rien que ça !) sur « The Black Swan », son énième retour discographique. Cette fois-ci, le vieux Grizzly a confié les clés de la maison au producteur/ bassiste Noah Georgeson (Johanna Newsom…) qui tisse des ambiances feutrées et recueillies autour de la guitare cristalline et de la voix ténue de Jansch. Concédant bien peu de choses à la modernité, hormis des invités prestigieux, « The Black Swan » se partage entre répertoire traditionnel réarrangé et nouvelles compositions folk/blues plutôt inspirées, prouvant une nouvelle fois que l’homme excelle sous la triple casquette d’auteur, compositeur et interprète. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter le blues vénéneux « When the Sun Comes Up » illuminé par la voix de l’étonnante Beth Orton. Aussitôt vient « Katie Cruel », une pièce traditionnelle magnifiée par le duo Orton/ Banhart qui fait littéralement des étincelles sur les percussions orientales d’Otto Hauser (Vetiver). Après de tels sommets, il est légitime de craindre des retombées ennuyeuses, d’autant que sur « Edge of a Dream », Jansch ne s’était pas spécialement foulé. Là étonnamment, « The Black Swan » tient parfaitement la distance avec des balises solides comme « Watch The Stars » ou « Bring Your Religion » de très bonne facture. Même les titres solo guitare/ voix (« Hight Days », « The Old Triangle », « Hey Pretty Girl ») toujours un peu aride chez l’artiste, portent ici une ferveur nouvelle qui tient l’auditeur en haleine. Ce disque ne permettra toujours pas de savoir si Jansch est un authentique songwriter qui joue de la guitare ou un guitariste qui écrit des chansons (est-ce vraiment important ?). Toujours est-il que même dans une incartade country comme « Texas Cowboys Blues » où sa voix prend une certaine épaisseur, il semble encore beaucoup s’amuser. Une valeur sûre donc.

PS. Pour ceux qui souhaiteraient saisir toute la dimension de l’artiste, ils peuvent se reporter à la somme « Dazzling Stranger : Bert Jansch and the British Folk and Blues Revival » de Colin Harper, parue aux éditions Bloomsbury. Une superbe plongée au cœur de la bohème londonienne des années 60 où l’on croise pêle-mêle Davey Graham, Anne Briggs, Jackson C Frank, Paul Simon et des dizaines d’autres musiciens parfois oubliés.

Luc

The Black Swan
High Days
When the Sun Comes Up
Katie Cruel
My Pocket’s Empty
Watch the Stars
A Woman Like You
The Old Triangle
Bring Religion
Texas Cowboy Blues
Magdalina’s Dance
Hey Pretty Girl

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