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Concerts

Boris & Russian Circles à Strand, Stockholm, le 14 juillet 2011

Pendant que DJ Gérard Depardieu fait tourner les disques français au Södra Teatern en l’honneur de la prise de la Bastille, y a que’ques années, nous nous dirigeons vers Strand pour écouter nos gros Boris (un hommage pas trop discret à Dominique A se trouve dans ces lignes, sauras-tu le repérer, ami lecteur ?).

Arrivés trop tard pour voir la première partie (saloperie de pluie), nous loupons donc les Tchèques de Saade (mille excuses à tous les Tchèques) et nous nous calons devant la scène pour Russian Circles, en plein devant l’ampli basse, faut-il être inconscient. L’esprit est hardcore : tous les musiciens au même niveau, devant la scène, batterie au milieu, t-shirts pourris et sans illustrations (c’est bien la peine d’en vendre tant au public au stand de merchandising), barbes (de trois jours ou très fournies), tatouages de rigueur. Malgré un certain systématisme dans la composition (samples ambient au début des morceaux puis explosion sonore puis accalmie, puis re-explosion ad libitum…) et le jeu scénique (gueules renfrognées pendant le calme puis poses viriles, extinction des lumières à chaque fin de morceau), les membres de Russian Circles assurent un sacré show de bout en bout et jouent les équilibristes avec des éléments disparates. Citons entre autres, un guitariste effacé aimant le tapping, un très beau batteur sachant cogner sur un set des plus minimalistes, enfin, un bassiste poseur à souhait mais diablement surprenant (impossible de décoller les yeux du bonhomme). Pas de quoi acheter le disque mais un groupe à suivre et à revoir assurément.

Russian Circles

 

21h25, c’était annoncé (mais comment font-ils pour respecter leurs horaires ??), les Japonais de Boris montent sur scène. Nous en gardions un souvenir mitigé lors d’un précédent Primavera Sound Festival qui avait suivi la sortie de « Smile », pour lequel ils avaient littéralement plongé dans le métal-bubble gum et livré un set ad hoc. Nous en étions ressortis tout poisseux et un peu assommés. Où allions-nous retrouver nos Boris qui viennent de sortir rien moins que trois albums cette année (on en reparle bientôt dans POPnews, c’est promis !) ?

Michio (Boris)
Sur scène, peu de changements : Michio Kurihara à droite, qui est à Boris ce que Jim O’Rourke fut à Sonic Youth, Nagata entre ses fûts et son énorme gong, Atsuo armé de sa basse-guitare « double neck », enfin Wata, tout en voiles noirs, équipée de pédales d’effets et… d’un micro puisque oui, maintenant, elle chante ! Le set sera à l’image de leur nouvelle transformation (puisque Boris est avant tout une affaire de mutation, d’assemblage, entre Venom et Nick Drake pour faire vite) : métal, bien sûr, expérimental, depuis toujours, mais aussi pop voire… disco. Le concert oscillera donc entre toutes ces tendances, faisant la part belle aux albums de l’année et revisitant deux trois vieilleries (« Pink » et « Statement », tubes évidents mais aussi « 1970 », en forme de clin d’œil à l’album « Heavy Rocks », version orange ). Boris se révèle une fois de plus surprenant sur un titre comme « Attention Please », disco mutante et cotonneuse  avec une Wata maquillée pour l’occasion en Debbie Harry sous codéine, même si, ici, on se contente d’une version susurrée (qui a dit timide ?) due à un problème de mixage de voix. On se prend, le temps d’une chanson, à imaginer nos Boris délaissant le métal à l’instar de Blonde Redhead avec le hardcore… Bien sûr l’accalmie n’est que passagère, et le déluge de guitares, d’effets, de couches, de strates sonores s’empilant les unes sur les autres reprend vite. Mention spéciale à Michio Kurihara pour ses interventions guitaristiques pendant lesquelles ce doux dingue sculpte plus qu’il ne joue.

Nagata (Boris)

L’ensemble, témoignant de leur volonté de ne pas s’enfermer dans une chapelle et de jouer de tout, pâtit peut-être un peu des changements d’atmosphères d’une chanson à l’autre le temps du concert. Mais lorsqu’on a eu sa dose d’ampli Orange à fond les ballons, de gimmicks métal (merci au public pour toutes ces jolies cornes du diable et autres soli d’air-guitar) et surtout « Aileron » en version longue en guise de berceuse avec gong à la John Bonham en sus, peut-on vraiment se plaindre ?

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