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Castanets – Texas Rose, the Thaw and the Beasts

CASTANETS – Texas Rose, The Thaw And The Beasts
(Asthmatic Kitty / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque

CASTANETS - Texas Rose, The Thaw And The BeastsCertains disques ont la politesse extrême de se faire oublier : vous les écoutez toujours une première fois, même à la quinzième. Quelque chose dans leur conception vous empêche d’avoir prise sur eux, au bord du vide qu’ils sont. L’anglais possède un beau mot pour cela : "elusive" que le français "insaisissable" rend mal. Ces disques orphelins et mutiques sont "elusive". Les Castanets font des albums de ce genre, avec régularité et un bonheur parfois inégal. "Texas Rose, the Thaw and the Beasts", le dernier, est un bon cru, même si l’on met de plus en plus de mots sur la musique de Ray Raposa, signe que le charme risque de se dissiper. Tout opus des Castanets se doit ainsi de comporter de maigres escales électroniques le long de dérives indé country-blues trouées de silences venteux et d’échos forcément annonciateurs de sépulcre et/ou de finitude. A une voire deux reprises, le maître de maison, un peu distant jusque-là, enfourche sa guitare qu’il malmène en un solo le plus souvent sauvage, couvert par une saillie orchestrale du groupe qui poliment suit son humeur, éjaculant plus d’instruments qu’on ne peut en compter sur nos deux mains. Evidemment, après un tel barouf, tout le monde rentre dans le rang avec un petit instru à sucer comme un berlingot ou un joli folk dénudé qui permettra de ne point admirer la voix nasouillarde de Raposa (ici "Dance, Dance", faux medley cohenien, hummm, disons suicidaire). Les lecteurs fidèles m’opposeront que le précédent, "City of Refuge", était un disque quasiment sur l’os, si ce n’est qu’une seule guitare peut contenir tous les bruits de la création et que notre homme ne s’en privait pas sur quelques mesures. L’infiniment petit côtoie toujours l’infiniment grand – rappelons-nous Pascal.
N’oublions pas non plus que Raposa est un démiurge triste habité par une théâtralité musicale qui renverrait presque à Supertramp, groupe par ailleurs sous-estimé (mais je m’égare…). Étayons nos dires alors que l’attaque est frôlée chez certains ("Comment ? Les Castanets, ce parangon d’"indietude" rapproché de… Supertramp ? So shocking") : "Lucky Old Moon", mon "track" préféré (très bienvenu "track", dans cette ambiance "on the road"), se conclut sur un fade out de batterie martelée qui n’est pas sans rappeler les dernières mesures de "Don’t Leave Me Now", si ce n’est que ces esthètes de Supertramp n’osaient pas le synthé hors d’âge à la "Forbidden Colours" par-dessus. J’ai l’air narquois, mais j’aime réellement bien. Tout ça pour dire que cette musique faussement austère cache bien son jeu, et que sans de telles outrances millimétrées, ces Castanets pourraient bien nous briser menu les nôtres (de castagnettes, hein ?). Ce qui n’adviendra point encore, cette fois-ci.

Christophe Despaux

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A lire également, sur Castanets :
la chronique de « City of Refuge » (2009)
la chronique de « In the Vines » (2008)
la chronique de « First Light’s Freeze » (2005)

Rose
On Beginning
My Heart
Worn From the Fight (With Fireworks)
No Trouble
Thaw and the Beasts
We Kept Our Kitchen Clean and Our Dreaming Quiet
Down the Line, Love
Lucky Old Moon
Ignorance Is Blues
Dance, Dance

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