Loading...
Disques

Delgado Jones & The Brotherhood – The Man From Amoitus

Delgado JOnes - The Man From Amoitus

Entre psychédélisme et Ziggy Stardust réanimé, les Brestois de Delgado Jones & The Brotherhood délivrent une nouvelle fois un album inventeur et aventureux.

 

Chez d’autres, tout celà sonnerait comme du garage sans grande inspiration. Chez les Brestois de Delgado Jones, c’est bien plus que cela. Jouant avec les gimmicks et les poses du genre, Delgado Jones livre un brillant exercice de styliste avec les détails qui en font une scène bariolée à l’image de la pochette. Ce n’est pas seulement les connotations glam rock qui nous feront penser au regretté David Bowie et sa créature de chair et de fantasme Ziggy. Comme son aîné, Delgado Jones crée un personnage, un extraterrestre arrivé sur notre pauvre planète. On l’appellera Wimpy Wimp. Il pose son regard mi-Candide mi-Montesquieu sur notre monde en déliquescence.

Comme tout disque-concept qui se respecte, il lui faut un début, un commencement. L’histoire de cet extraterrestre qui aimerait ne pas trop côtoyer, ce fameux « Space Kid of Rock’n’Roll ». Jacques Creignou, auteur des textes, semble ne pas vouloir choisir entre une distanciation, une ironie et une belle part d’humour comme cette réplique fameuse extraite du « Bon, la brute et le truand » : « Le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet et ceux qui creusent, toi tu creuses » utilisée dans « Let’s dig ».

Parfois, on pensera à Angil & theHhiddentracks pour cette même propension à une pop fraîchement psychédélique comme dans « Go South ». C’est divinement orchestré et arrangé, prenez « Perfect Sorrow »et ses enluminures au banjo et aux chants en canon. Cela ressemblerait presqu’à un madrigal sous acide. 

On pensera également aux Kinks  et ce n’est pas « Watermelon Dance » et ses saveurs sixties qui viendront nous contredire. Tout au long de ce disque, on sent comme une espèce de rage lascive et latente qui ne se nomme jamais vraiment, comme une urgence à ne pas taire les choses. De « Run Death Run » qui semble réunir les Stooges et les Beatles perchés à « 8 miles » ou encore « Inside The Core », Wimpy Wimp cumule les déconvenues en gagnant un regard plus acerbe sur les autres et notre monde.

Quand l’univers est si triste, c’est que les choses sont sérieuses alors pourquoi les prendre avec autant de précaution ? Autant en rire comme sur « The Secret Of Dawn » et son texte mi-absurde, mi-narquois. 

Vous pourrez chercher longtemps sur le nouveau disque des feu Pixies, vous ne trouverez pas un titre comme « The Great Socialist » et sa grille d’accords à la fois primaire et tellement évidente vite contredite par « On Earth » aux accents décidément très Bowiesques. Comme une boucle qui se referme, « The Man From Amoitus » est la plus belle des réponses à toute forme d’obscurantisme, pas une déclaration de guerre ni de négociation possible. La seule et unique envie d’exprimer sa folie et la vie sans limites.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *