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Disques

Directorsound – Redemptive Strikes

DIRECTORSOUND – Redemptive Strikes
(Geographic / Chronowax)

DIRECTORSOUND - Redemptive StrikesPrononcer un jugement sur un disque, c’est parfois tenter de résoudre la quadrature du cercle, c’est se confronter à des paradoxes apparemment insondables : comment expliquer que l’émotion des plus beaux morceaux de Grandaddy tienne à l’usage de vieux synthés analogiques, ou que les voix les plus éraillées de la folk music, de Tom Waits à Will Oldham, aient quelque chose de céleste, ou encore que les multiples maladresses et à peu près d’un groupe, au hasard (?) New Order, donnent un prix incomparable à son œuvre ? Heureusement, le jugement de goût ne relève pas d’un exercice philosophique et il suffit simplement de donner envie à d’autres de tendre l’oreille là où toute méthode rationnelle de persuasion ne peut qu’échouer. Lorsque j’ai écouté pour la première fois le "Redemptive Strikes" de Directorsound, je me suis senti à nouveau happé par le vertige du paradoxe : une musique de fanfare menée tambour battant et rythme claudiquant dont les vertus sont curieusement apaisantes, la teneur mélancolique, la douceur foudroyante. À tenter de percer le mystère, je n’ai pu récolter que quelques indices biographiques qui, comme chacun sait, ne sont jamais suffisants à faire comprendre une œuvre : une maladie inopportune serait donc la cause de la réclusion dans son Dorset natal de Nick Palmer, étudiant interrompu dans ses études de lettres, qui, plutôt que de se morfondre en attendant l’heure de la rémission, a tenté de hâter celle-ci en musique, en créant de toute pièces, dans sa chambre, un univers sonore riche et habité, fait de rêveries acoustiques (piano, guitare) et de fulgurances de bastringue (banjo, harmonica, rythmiques pêle-mêle). Le jour de Pâques, l’œuvre est achevée, la maladie en voie de guérison, coïncidence heureuse qui vaut au disque son titre explicite : frappes rédemptrices. Témoin d’une revanche sur la vie et d’une véritable éclosion artistique, le fruit de ses enregistrements a quelque chose d’un peu miraculeux qui tient à un équilibre fragile, sans cesse menacé, entre vitalité chaotique et spleen de la convalescence. Coup d’essai mais pas coup de maître, car le jeune homme évite soigneusement de donner les preuves de son savoir-faire, privilégiant la fragilité (ces fins de morceaux avortées, ce tremblement des notes), choisissant de brusquer les compositions orchestrales par des rythmes décalés, tressautements, hoquets et ponctuations furtives, interrompant une mélodie nostalgique au piano ou à la guitare par une avalanche de rythmes hirsutes. Comme le suggère le papier de promo, il règne sur ce disque une douce anarchie qui n’a pas vraiment d’équivalent musical et renvoie davantage à des univers loufoques comme celui de Jacques Tati : même énergie cinétique, même poésie de l’aléatoire, même émotion dans la maladresse. Un beau désordre.

David

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