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Concerts

Earth – Strand, Stockholm le mercredi 20 avril 2011

Noir de rigueur pour ce sabbat pré-pascal. L’ambiance y est fortement masculine et on dénombre, avec toute notre mauvaise foi habituelle, à peine une vingtaine de jeunes filles, c’est dire. Cheveux longs et gras (industriel), barbes tressées, cuirs et tatouages se tirent la bourre.

Les peu sympathiques Sabbath Assembly ouvrent le bal (des vampires) avec leur rock lourd et lourdingue 70ies, fleurant bon les saintes écritures de Rock n’ folk. Ajoutons à cela des incantations à Jésus, Satan, Jérusalem, le tout sans la moindre ironie, ni distance mais avec force gestes grandiloquents et « inspirés », déchaînant quelques cornes du diable dans le public. Nous apprenons plus tard que Sabbath Assembly contient des membres de Lichens et  Wooden Wand et qu’ils chantent des cantiques de l’Eglise Occulte du Jugement final dont le but est de réconcilier Jésus et Satan. Ah bon.

Earth - Stockholm
Le plat de résistance arrive finalement avec Dylan Carlson et son groupe, Earth. Rescapé des années 80, de la drogue, des pages de faits divers et d’une mauvaise réputation, Dylan Carlson porte tout cela sur lui et cela se voit. On perçoit encore derrière le bouc et les kilos en trop, gagnés puis perdus, le regard adolescent de ce géant du drone-stoner, vieilli trop tôt. Comme pour contrer les codes du « genre » (même si on se doute bien, qu’en fait, il s’en fout), Dylan est entouré d’un groupe exclusivement féminin : Adrienne Davis, sa batteuse, une bassiste et une violoncelliste, Lori Goldston, connue principalement pour avoir accompagné Nirvana (notamment sur « Unplugged »). Ensemble, ils joueront leur drone rock, cette musique du désert, lourde et lente comme le soleil du Mojave, tout en répétitions et maigres enluminures. Le rythme est assuré par la basse et la batterie, sèches et lentes, pendant que les drones seront lancés par le violoncelle et que la guitare de Carlson distille chichement quelques notes. En fait, on s’apercevra que le violoncelle fournira la plupart des soli et que les « soli » de Carlson se révèleront être plus de l’ordre d’une rythmique changeante et pourtant immuable. On pourrait ainsi dire, parodiant Wagner, qu’ »ici, le temps devient espace » quand semblent se développer devant nous ces paysages sonores arides. Carlson, modeste et généreux, pioche dans sa discographie et ravit les fans en exhumant de vieux titres sans toutefois accéder à leurs (nombreuses) demandes. Un enthousiaste lui criera : « It’s the best day of my life ». Parmi les titres les plus applaudis, citons « The Bees Made Honey in the Lion’s Skull » et « Angels of Darkness, Demons of light », dont la longue introduction tout en instruments frottés, caressés, prouve que notre bonhomme a encore des surprises dans son sac et démontre, s’il est besoin, que si sa musique est presque immobile, Dylan Carlson n’est pas adepte de l’immobilisme.

Earth - Stockholm

Earth - Stockholm

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