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Festivals

En reconnaissance sur la Route du rock

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Peut-être avez-vous déjà pris votre billet pour la Route du rock : parce que vous ne pouvez pas envisager de passer ailleurs qu’à Saint-Malo le week-end du 15 août, ou parce que vous avez été convaincu par les têtes d’affiche, Tame Impala, Hot Chip et Metronomy (Beirut, initialement annoncé, a malheureusement été déprogrammé, Zach Condon souffrant de laryngite aiguë). Si vous hésitez encore, voici, en bref, nos coups de cœur dans une programmation particulièrement riche et cohérente (c’est assez rare dans les festivals d’été pour être signalé !).

 

Une première soirée au féminin

Si vous pouvez arriver dès le mercredi, la soirée en salle (la Nouvelle Vague, à Saint-Malo extra-muros) est tout bonnement immanquable. Trois voix américaines féminines s’y succéderont, entre folk intemporel et indie rock aux sonorités plus contemporaines. D’abord la nouvelle venue Anna St. Louis, qui semble tout droit sortie du Laurel Canyon de la fin des années 60. Puis Adrienne Lenker et son groupe Big Thief, dont le troisième album “U.F.O.F.” est l’une de plus belles et émouvantes collections de chansons sorties depuis le début de l’année. Et enfin Sharon Van Etten et ses musiciens (notamment son âme sœur Heather Woods Broderick, auteure il y a quelques mois d’un disque d’une grande sensibilité, “Invitation”), dont les concerts sont toujours exceptionnels d’intensité. Ce sera en outre la dernière occasion de la voir en France avant un petit moment, la New-Yorkaise ayant annulé son passage à Rock en Seine. Séquences frissons à prévoir, donc.

 

Jeudi, entre hargne et douceur

Si les Fontaines DC ont dû annuler quelques concerts pour raisons de santé ces dernières semaines, le groupe est toujours annoncé au Fort de Saint-Père, où on espère le retrouver aussi fougueux et tranchant que sur son impeccable premier album. Idem pour Black Midi, dont la musique assez déconstruite risque de diviser, même si tout le monde devrait s’accorder sur la puissance du batteur (qui est black mais qui ne s’appelle pas Midi), solide fondation d’un édifice sonique volontiers branlant – et par moments fascinant. Quelques festivaliers vétérans penseront peut-être à Long Fin Killie ou Delicatessen, même si le groupe cite plutôt les Swans ou… Magma. Pour Idles, déjà venus il y a quelques années, on ne se fait pas trop de souci en revanche…

Outre les très attendus Tame Impala, l’événement de la journée reste bien sûr le concert de Stereolab. On imagine que les programmateurs d’un festival qui a démarré à peu près en même temps que la carrière des Londoniens n’ont pas beaucoup hésité avant de les mettre à l’affiche, d’autant qu’ils ont déjà fait jouer lors des dernières éditions de nombreux groupes majeurs des années 90 fraîchement reformés. Vue à Villette Sonique il y a quelques semaines, la capsule spatiale de Laetitia Sadier et Tim Gane a autant enchanté qu’à l’époque, dosant parfaitement l’immédiateté pop et l’expérimentation. On peut donc en attendre le meilleur, en espérant trouver au merch les récentes rééditions, très soignées, de plusieurs de leurs albums.

On espère aussi avoir le courage de rester jusqu’à la fin de la soirée, clôturée par l’electro contemplative du grand Jon Hopkins et un DJ set de l’Allemande (basée à Amsterdam) Lena Willikens, plutôt excitant sur le papier.

 

Vendredi, suite de la party

La dance music avec une âme que livre Hot Chip depuis une quinzaine d’années est carrément irrésistible en live, d’autant que les Londoniens sont toujours à leur avantage en festival. Leur concert devrait donc être l’un des grands moments du vendredi au Fort de Saint-Père. Le reste de la soirée fait honneur à l’esprit défricheur de la Route du rock. On guettera notamment le collectif canadien arty Crack Cloud, réuni autour de son chanteur-batteur, qui, à défaut de convaincre totalement sur la durée, a offert quelques grands moments de punk-funk expérimental lors de Villette Sonique.

Les Anglais de Crows, entre gros riffs garage et noirceur post-punk, devraient aussi livrer une prestation particulièrement intense. Sur le versant électronique, Paula Temple n’est pas non plus réputée pour faire dans le détail, ce qui devrait être parfait en fin de soirée. On attend un peu plus de délicatesse et de mélodies de la part de Tim Presley alias White Fence, amateur d’étrangetés psyché, et de Foxwarren, le groupe d’Andy Shauf qu’on a d’abord connu en solo avec “The Party”, album qui s’est retrouvé sur de nombreuses listes des meilleurs albums de 2016 (dont celle de POPnews). Quant aux étonnants Altin Gün (ou la pop psychédélique seventies turque réinventée par des Néerlandais), ils semblent bien partis pour faire danser tout le monde !

 

Samedi, du fun et des rythmiques mécaniques

Tête d’affiche incontestable de cette dernière journée, à l’instar de Hot Chip la veille (les deux groupes ont d’ailleurs suivi un peu le même parcours), Metronomy devrait offrir entre ses tubes bien ficelés quelques extraits d’un nouvel album à paraître à la rentrée. Coolitude assurée également avec The Growlers, représentants pas trop excités d’un rock garage californien assaisonné de psychédélisme, d’épices latines et d’humour bizarre (cf. leurs clips). Julian Casablancas est fan, paraît-il, et c’est vrai que les Growlers sonnent par moments comme une version plus décontractée des Strokes… On ne manquera pas non plus l’atelier Pottery, des Montréalais pratiquant un rock dépenaillé, vite écrit et enregistré, mais ne manquant pas de charme sur disque. On pense aux Strange Boys, à Black Lipstick ou aux Australiens de Terry.

L’ambiance devrait être un peu moins détendue pour Deerhunter, groupe plus inégal sur scène que sur disque. On espère que le fantasque et talentueux Bradford Cox sera dans un bon jour… Du côté des possibles confirmations, on mise sur Hand Habits alias Meg Duffy, dont le jeu de guitare nous avait envoûtés quand on l’avait découverte sur scène aux côtés de Kevin Morby. Elle se prétente ici comme chanteuse et songwriter de premier plan, auteur de ballades subtiles et mélancoliques. Enfin, l’Américain Silent Servant et les deux Parisiennes d’Oktober Lieber feront assaut d’électronique froide, sombre et martiale, offrant une idée toute personnelle de la fièvre du samedi soir… Prévoir une petite laine, ou un long manteau de cuir noir.

 

Pop les pieds dans l’eau

Si le temps le permet, on ira s’allonger sur le sable de la plage de Bon Secours, alias Arte Concert, autour de 16h. Les douceurs pop seront offertes par Anemone jeudi, Le Superhomard vendredi (après la conférence “Post-punk et new wave” du toujours enthousiaste Christophe Brault à 14h au théâtre Chateaubriand, intra-muros) et Laure Briard samedi. C’est gratuit autant que bon esprit.

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